En 150 ans, les progrès techniques et les inventions nouvelles vont profondément modifier les conditions de vie des habitants.. Les nouvelles techniques ne sont pas toujours accueillies avec enthousiasme, elles ont leurs détracteurs. Pour les uns incrédules et frileux rien ne peut remplacer l'intervention humaine et l'énergie de combustion du bois et charbon, pour d'autres, c'est plus, la difficulté à apprécier la balance entre avantages et coûts qui motive leur répugnance au progrès. Quand nous parlons d'énergie, cela concerne l'éclairage, le chauffage, la cuisson des aliments et la force motrice.
L'ECLAIRAGE PUBLIC ET PRIVE
En 1800, il n'y a aucun éclairage public dans les rues du village, excepté peut être quelques lanternes à la chandelle. La première mention que l'on en trouve dans les archives est une demande des habitants du 26 novembre 1886.
Naissance de l’éclairage public à la lanterne !
«… un certain nombre d’habitants, désireux de voir les rues du village éclairées, se sont proposé d’offrir à titre gracieux au moyen d’une cotisation volontaire des lanternes à la commune...» A cet effet ils ont réuni les fonds nécessaires, à charge au conseil de choisir un modèle de lanterne unique pour tout le village, le Conseil accepte et commande 22 lanternes avec leurs consoles. Ces lanternes, fonctionnant au pétrole, seront alimentées plus tard au gaz et deviendront ensuite électriques.
Naissance de l'éclairage public au gaz.
Le procédé de distillation de la houille par le français Ph. Lebon va permettre à de nombreuses entreprises de proposer une énergie nouvelle, le gaz.
Le 4 novembre 1894, que le Conseil examine la demande « émanée de M. Decaris instituteur à Massy et propriétaire d’une maison rue de la Tournelle qui souhaite qu’une lanterne soit placée sur sa maison, si possible au gaz, il offre en retour 20 m3 de pierres à titre gracieux. »
C'est donc grâce à un instituteur éclairé que Vernouillet se lance dans une étude d'installation du gaz.
Le Conseil, un peu inquiet sans doute des conséquences financières que l’installation du gaz va engendrer, demande au maire de se renseigner auprès de M. le directeur de l’usine à gaz de Poissy, sur les conditions dans lesquelles il pourrait fournir le gaz à Vernouillet.
Le Projet Annebicque
Extraits de ce projet de Traité :
« Art. 1 Les lanternes resteront à leur emplacement actuel. Pour les rues non pourvues actuellement, il devra être placé autant de lanternes qu’il y a de fois 75m dans la canalisation nouvelle.
Art. 9 Le gaz proviendra de la distillation de la houille et il donnera une lumière ayant le même pouvoir éclairant que celui de la ville de Paris.
Art. 14 La commune s’engage à brûler par an au minimum 70 m3 de gaz par bec à raison de 0,20f le m3. Le choix d’éclairage par incandescence permettra de faire une économie sur la consommation. Le prix pour utilisation du gaz pour la force motrice est arrêté à 0,20f le m3.
Art. 27 Les abonnés seront toujours prévenus 48 heures d'une privation momentanée de gaz.
Le Conseil charge la commission de s’entendre avec Verneuil, cette commune devant être aussi éclairée par l’usine à créer, et ensuite à reprendre les discussions avec M. Annebicque.
On ne parle déjà plus seulement d'éclairage public mais aussi du gaz comme énergie pour la force motrice. La machine à gaz est en route!
Le projet Mallet
Le 11 novembre 1904, le Conseil autorise M. le maire à entrer en négociation avec M. Mallet de l’usine à gaz de Conflans pour la fourniture de gaz à Vernouillet lui sans perdre de vue les pourparlers déjà engagés avec un autre fournisseur.
Le Réseau Mallet
Le fondateur des industries Mallet est un chimiste, né en 1813. Inventeur d'un procédé dépuration du gaz d'éclairage, c'est son fils Paul Mallet qui deviendra un véritable capitaine d'industrie dans plusieurs régions de France, dans les domaines de la distribution de l'eau, du gaz et l'électricité. Voici ce qu'en dit le Conseil municipal d'Andrésy dans une délibération du 13 janvier 1898. « Le concessionnaire du gaz d'éclairage et de l'eau est un homme sérieux et son entreprise réunit toutes les garanties possibles de stabilité et de bonne exécution». Ce qui signifie qu'en 1896 Andrésy mais aussi Chanteloup, Maurecourt, Conflans et Achères disposent d'un réseau d'eau potable et Andrésy et Conflans d'un réseau de gaz. Il faudra attendre 1929 pour que Vernouillet dispose d'un réseau d'eau courante et 1905 pour le gaz .
1904 – 13 novembre. Le maire et la commission penchent pour la proposition Mallet
Le 13 novembre 1904, M. le maire propose à l’approbation du Conseil le projet de traité à intervenir entre M. Mallet, ingénieur et les communes de Vernouillet et de Verneuil. «… relativement à la distribution de l’éclairage, du chauffage et de la force motrice soit pour les usages publics soit pour les usages privés. Mais auparavant il indique les motifs qui ont guidé le choix de la commission
Le projet Mallet. (Extraits)
« Art. 1 : La commune concède à M. Mallet le droit exclusif pour poser, conserver et entretenir sous les voies publiques des tuyaux conducteurs destinés à distribuer les éléments nécessaires à l’éclairage, le chauffage et la force motrice pour usage public ou particulier
Art. 2 : La durée de la concession est fixée à 50 ans
Art. 5 : Installation de 50 lanternes d’éclairage public sur candélabres ou consoles, la commune abandonnant les appareils existants fonctionnant au pétrole
Art. 9 : Qualité du gaz. La pression, l’épuration et son pouvoir éclairant seront contractuellement les mêmes que ceux de la ville de Paris. Le pouvoir calorifique devra être de 4500 calories, et la pression suffisante pour une consommation dans tous les points de la commune
Art. 11 : Les lanternes seront munies de becs à incandescence consommant 75 litres à l’heure, il n’y aura par jour qu'un seul allumage et qu’une seule extinction
Art. 15 : Le constat pour manque de flamme et défaut d’entretien par les agents municipaux donneront lieu à une pénalité égale au double du prix du gaz non brûlé
Art. 17 : La commune s’interdit de frapper d’un impôt le gaz livré public ou privé, si le gaz venait à être frappé d’un impôt d’état, celui-ci serait pris en charge par la commune et les particuliers.
Article additionnel : Il est expressément entendu entre les parties que pour déterminer les conditions d’abaissement du prix prévu, les consommateurs des deux communes de Verneuil et Vernouillet seront additionnés comme s’il s’agissait d’une seule commune. »
Le maire après avoir évalué les mérites des deux propositions propose donc d’adopter le projet Mallet avec toutefois une modification de la durée de concession au lieu de 50 ans, celle-ci ne serait valable que jusqu’au 31 décembre 1949, c'est-à-dire 45 ans. Il demande aussi que le nombre de lanternes sur candélabres soit porté à 10 pour éclairer deux voies peu habitées mais très fréquentées, la route allant du pont de Triel à la gare et surtout le boulevard de la gare.
Le 20 novembre 1904, au vu des demandes ci-dessus non acceptées par M. Mallet le Conseil décide d’ajourner la signature du contrat de deux mois et charge M. le maire « de recueillir des propositions de la part de sociétés d’éclairage électrique ou à l’acétylène. »
La proposition d’ajournement est mise aux voies par appel nominal et donne un cinq contre cinq !
Le traité est adopté par neuf voies contre une.
Le 11 décembre, M. Decaris qui a fait des comparaisons avec Saint Germain en Laye et Mareil-Marly ou le gaz sera payé moins cher par les habitants que par ceux de Verneuil et Vernouillet, se déclare contre le traité de concession du gaz tel qu’il est, on sait donc qui a voté contre à la séance précédente!
Les travaux ont lieu au cours de l'année 1905, puisqu’une délibération de mars 1907 indique
« qu’il n’a pas été déduit les montants pour défauts ou insuffisances d’éclairage en 1906, il convient donc à l’avenir de demander au garde champêtre de faire les constats qui valideront ces déductions. »
Cet éclairage ne donne pas toujours pleine satisfaction, le Conseil constate le 11 juin 1908:
« qu’il arrive fréquemment que les becs de gaz ne donnent pas la quantité de lumière indiquée au traité, soit par suite d’allumages tardifs, soit du mauvais état des manchons, soit par manque de pression ou par la malpropreté des verres »
Le Gaz à la maison
L'état des redevances à payer par les abonnés du gaz nous permet de connaître dans quelles rues le gaz a été installé et le nombre de foyers raccordés au 11 août 1912 ( environ 40)
Rue de la Folie : Mme Lamelay et M. Degrond (2 abonnements)
Rue Chaude : Vve Boudreaux, Vve Hébert, MM. Churlet , Siméon, Martin, Hannière
Rue Clos Thonesse : Vve Mariotte, Lelarge (2x)
Impasse Saint Etienne : Minel
Rue de Triel : Vve Hottot, Vapaille, Vve Derain, Zacon, Fastout, Senaillet, Poitou, Vve Legrand (3x), Scié, Bourdillon, Vincent, Vve Fouque
Rue de la Tournelle : Poitou, Martinage (2x), Grosjean, Percheron, Maréchal, Trembleau (3x), Bladuer, Fouque
Rue Girardin, Chapon, Vve Petit
Avenue Henri Derain : Croset, Fastout
Place de la gare : Jacques (2x), Cie des CDF réseau Etat
Chemin n°78 : Ditsch, Pouvreau
Rue Noël Gilles : Pillot-Beuaretour
1915 – 25 avril. Le prix du gaz pendant la guerre
« M. le maire
J’ai l’honneur de vous informer qu’à la suite d’une conférence des maires des communes éclairées par mon usine d’Andrésy, coprésidée par M. Cornudet député, je prends note que vous admettez une augmentation de prix de six centimes par m 3 à partir du 1er 1915. Cette augmentation sera appliqué pendant toutes les hostilités et prendra fin deux mois après la signature de traité de paix français.» Malheureusement la guerre va durer longtemps et le prix du gaz ne cessera d'augmenter.
Le manque de charbon à cause de la guerre fait exploser le prix du gaz
Le 26 septembre 1916, le maire donne lecture d’une lettre adressée par M. Mallet au vice-président du conseil de préfecture à Versailles.
« Messieurs,
Le soussigné, Paul Alfred Mallet, ingénieur des arts et manufactures demeurant à Paris, 16, rue de Milan, propriétaire de l’usine à gaz d’Andrésy à l’honneur de vous exposer ce qui suit : Par traités dûment approuvés par M. le Préfet, il est concessionnaire de la distribution du gaz dans les communes d’Achères, Andresy, Carrières-sous-Poissy, Cergy, Chanteloup, Chennevières, Conflans, Eragny, Jouy le Moutiers, Maurecourt, Medan, Neuville, Triel, Vauréal, Verneuil et Vernouillet. »
Ce sont les mêmes villes, (excepté Achères qui n'est plus membre) que le syndicat d’électricité de Conflans qui est toujours en activité en 2007.
« En 1915, les Maires de ces communes furent d’accord pour que M. Mallet fut autorisé à augmenter le prix du m3 de gaz de 0,061fr. La commune de Triel se détacha du consortium.
Le concessionnaire avait pris l’engagement d’électrifier ces villes 5 ans après la fin de la guerre. En avril, M. Mallet a sollicité les 15 communes restantes pour relever à nouveau le prix du m3pour les causes suivantes :
1 – les usines (mines) françaises fournissent en priorité les usines (d’acier) dites de priorité auxquelles les usines à gaz ne sont pas inclues
2 – il a été créé des zones de répartition des combustibles
3 – la hausse du prix du charbon et sa pénurie l’oblige à s’approvisionner en charbon anglais.
.
Cette augmentation est semblable à celle approuvée par les huit communes desservies par l’usine de Brétigny et aussi à Romans, Bourg, Apt et Remiremont et le 25 août dernier la commune de Triel, dissidente, l’a adoptée après de longues controverses.
La hausse approuvée par les 15 autres communes augmenterait le prix de 0,10 f le m3, j’en demande un relèvement jusqu’à 0,15f au minimum et demande l’avis des membres du Conseil de Préfecture par un rapport d’expert indépendant.
Signé :Mallet »
Le Conseil charge le maire de défendre les termes de la convention de 1915 qui maintient le gaz à 0,36 fr le m3 jusqu’à 2 mois après la fin des hostilités, étant entendu que les engagements concernant l’électrification conservent toutes leurs valeurs.
Ce qui précède est intéressant à plus d’un titre, c’est la première fois que l’on voit un regroupement de communes aussi important et le plus remarquable est que ce groupement soit toujours en activité sous la forme du Syndicat d’Electricité de Conflans
.Cette demande du concessionnaire nous renseigne sur les conditions d’approvisionnement en charbon pendant la guerre, Vernouillet a donc été éclairé grâce au charbon anglais.
Ces premières escarmouches concernant le prix du gaz sont le début d'une bataille sans fin entre les communes et le concessionnaire. En octobre 1920, M. Mallet justifie l'augmentation en s'appuyant sur le salaire scandaleux payé aux ouvriers du port de Conflans:
« les salaires pour la main d’œuvre s’élèvent à 26, 20 pour 12 heures de travail au lieu de 24 comme inscrit au contrat. Cette hausse des salaires scandaleuse est basée sur le niveau des salaires payés aux ouvriers du port militaire de Conflans. Mallet invoque ensuite la mévente des cokes issus de la production du gaz. La commune refusera toute augmentation nouvelle et appellera l’attention du préfet « sur les engagements de M. Mallet de fournir l’éclairage électrique cinq ans après la guerre. »,
d'autant plus que les coupures de gaz irritent sérieusement les abonnés. Le 13 février 1921, le Conseil proteste contre « ces interruptions occasionnent un préjudice évident aux consommateurs qui a chaque allumage reçoivent 10 litres de mélange non éclairant (combustible) avec en outre un épandage délétère dans l’habitation. ».
Pourtant, l'intérêt de disposer de ce mode d'éclairage de chauffage et de cuisson fait de plus en plus d'adeptes. En décembre 1922, 120 foyers, bâtiments publics ou commerces sont raccordés au réseau de distribution du gaz et une trentaine de demandes sont en attente, ils étaient 40 dix ans plus tôt.
Les experts obligent la commune à indemniser le concessionnaire.
Le 17 février 1924, le Conseil de préfecture a rejeté dans un premier temps la demande d’indemnisation du sieur Mallet pour la période 1920-1921 pendant laquelle la commune a refusé les augmentations de prix demandées par le concessionnaire, mais a ordonné une expertise contradictoire. « Les experts sont tombés d’accord pour reconnaître que M. Mallet a droit à une indemnisation compensatoire. »
Au final la commune a gagné deux ans, elle paye moins que demandé mais elle doit régler une indemnité négociée et des frais d’avocats, on peut dire que les élus ont bien défendus les intérêts de leurs administrés.
Une nouvelle bataille d'experts donne cette fois raison à la commune
Le premier incident étant clos, un autre survient aussitôt, le 13 septembre 1925, toujours pour le même motif, la commune refuse l'augmentation exigée de 0,10 frs du prix du m3 de gaz considérant:
« que la qualité du gaz fourni par la société Mallet est toujours notablement inférieure à celle du gaz à Paris, ce qui lui est pourtant imposé dans son marché, que la pression du gaz varie à chaque instant, que la fourniture en a fort souvent été interrompue sans que les consommateurs en soient informés, que depuis la dernière augmentation le prix de la houille a baissé, que si la ville de Paris augmente son prix c’est à son seul profit et en guise d’impôt pour équilibrer son budget et que cela ne peut être le cas pour la société Mallet.
Le Conseil repousse énergiquement la demande présentée par la société Mallet. Et encore une fois on est obligé de faire appel à des experts pour régler ce contentieux.
En effet, le 13 octobre, le Conseil remercie M. Brasseur, directeur des services économiques de la Préfecture et M. Croizet expert désigné par le Conseil de Préfecture « des efforts accomplis en vue d’arriver à un accord avec M. Mallet et les prie de faire une dernière tentative en vue de la réalisation de cet accord mais dans le cadre du mandat impératif qui lui a été soumis »
Un Syndicat de communes c’est plus fort qu’une commune toute seule...la preuve.
Hausse du prix du gaz
Le 30 septembre 1827, M. Mallet a avisé le Syndicat de Défense des Intérêts Intercommunaux de la région de Conflans que « la hausse du prix des charbons pendant la deuxième moitié de 1927 a entraîné une hausse de 10% du prix du gaz ce qui le porterait à 1,18 frs le m3. » M. Mallet déclare qu’il est disposé à négocier pour « ne pas trop indisposer la population ».
On peut noter que le système de fonctionnement entre municipalités et syndicats est exactement celui qui existe aujourd’hui.
La Canalisation de gaz est partie avec les décombres du pont de Triel
Le 23 mars 1941, le maire fait part du projet de pose d’une conduite de gaz sous-fluviale pour desservir les communes de Verneuil, Vernouillet et Médan à partir de l’usine d’Andrésy.
Le Conseil proteste contre la privation de gaz résultant de la rupture de la conduite d’amenée du gaz depuis l’usine d’Andrésy, « détruite en même temps que le pont suspendu de Triel sauté». Le concessionnaire a fait savoir qu’il attendait la venue d’une drague pour creuser une tranchée dans le lit de la Seine et y poser une canalisation. « Le Conseil ; considérant que ces travaux de réparation de la conduite rompue en décembre dernier ne seront pas repris avant une durée indéterminée, que le projet de desservir les communes par une canalisation venant de Meulan sera de toutes façons très long à réaliser ; demande que l’autorité supérieure intervienne pour accélérer les travaux.
La distribution de gaz est rétablie mais seulement pour quelques heures, c'est la période de restriction sur tous les produits.
« Le 6 septembre 1942, le Conseil prend acte de la réduction du nombre d’heures de distribution du gaz imposée à la commune : la distribution est suspendue de 8 à 11heures, de 13 à 18 heures et de 20 à 5 heures du matin. Il demande au répartiteur une plus grande quantité de charbon pour l’usine d’Andrésy et sollicite une attribution supplémentaire d’alcool à la commune de Vernouillet ; (pour le démarrage des gazogènes des véhicules ?) »
GDF et EDF, création de Gaz de France et d'Electricité De France -
Bien sûr on a continué à se servir du gaz après 1950 jusqu'à aujourd'hui mais c'est une autre histoire qui vous sera contée plus tard, d'autant plus que dans de multiples applications le gaz a été supplanté par l'électricité.
ELECTRICITE
La première référence connue à une distribution électrique grâce à un réseau dans Vernouillet a eu lieu le 20 novembre 1904.
Ce jour là, le Conseil municipal est appelé à se prononcer sur la signature du contrat de fourniture de gaz et certains conseillers demandent au maire si il ne sera pas plus sage de passer directement à l'électricité, et à cette fin.«de recueillir des propositions de la part de sociétés d’éclairage électrique ou à l’acétylène.»
« Le maire fait observer que l’électricité ne donnera peu satisfaction au désir de la population sur la cuisson des aliments, que d’ailleurs même très rapprochées les ampoules électriques ne donneraient qu’une lumière bien falote à coté de l’éclatante lumière des becs à incandescence par le gaz et que pour ce qui concerne l’acétylène il n’a pas fait ses preuves et ne saurait adopté qu’avec méfiance par la population, l’emploi de ce gaz demandant une surveillance constante. » Vernouillet aurait pu être ainsi une ville pionnière en la matière car ce n'est que vers 1902 que les premiers candélabres électriques furent installés sur la place de l'Opéra, à Paris. Mais on accordait si peu de fiabilité au système que ce Globe électrique était encore entourée de quatre becs de gaz! Et à Vernouillet on se contentera du gaz pour un bon moment. En effet ce n'est que le 25 avril 1915 que le sujet reviendra à l'ordre du jour.
Les contreparties hypothétiques d’une augmentation
Dans une lettre du 25 avril 1915 relative à l’augmentation du prix du gaz M. Mallet fait passer la pilule de la hausse en laissant miroiter à nos élus de faire de Vernouillet une ville lumière.
Donnant suite à un projet que j’ai conçu depuis longtemps au sujet de la distribution d’électricité, je vous fais la déclaration suivante :
Je me suis assuré auprès de la société « Le Triphasé » la fourniture en gros de courant électrique. Je canaliserai électriquement votre commune dans un délai maximum de cinq ans après la guerre. Je m’engage à diminuer le délai dans toute la mesure ou me le permettent mes ressources profondément atteintes par la guerre. Les conditions de prix seront analogues à celles de Poissy. Le périmètre canalisé comprendra les parties éclairées au gaz et les autres agglomérations sur le parcours des canalisations.
Le Conseil « ouï lecture de cette lettre » se déclarera favorable à la poursuite de négociations avec cette entreprise. La lenteur de prise de décisions ou le manque d'argent, ce n'est que six ans plus tard que le Conseil d'une façon ambiguë engage une autre compagnie à lui faire une proposition. Le 19 mars 1921 le Conseil« donne un avis favorable à la demande de concession présentée par la Compagnie «Union d’Electricité» sous réserve des accords antérieurs conclus entre la commune et M. Mallet directeur de l’usine d’Andrésy. »
Une lueur... d'espoir point à l'horizon
Mais cette demande a dû avortée, car le 21 janvier 1923 le président du Syndicat Intercommunal du Gaz indique aux communes concernées que la réunion des experts qui a eu lieu le 10 janvier à l’usine d’Andrésy recommande « de préparer un contrat en vue de la distribution d’énergie électrique sur le territoire de l’ensemble des communes du syndicat. »
Le projet d’électrification de la commune avance, mais la lumière est loin d’être faite entre les souhaits de la commune et les propositions du futur concessionnaire!
.Le 22 septembre 1924 le Conseil considère que les conditions ne sont pas acceptables, en particulier:
«Le plan proposé pour la distribution électrique ne permettrait de desservir qu’environ les trois cinquièmes de la population. Des groupes d’habitations tels que ceux de la Gare, du Clos Thonesse, de la rue de Triel et d'autres voies moins peuplées, mais ou le développement des constructions nouvelles est assuré par l’augmentation constante de la population déjà passée de 850 à 1300 habitants, sont laissées en dehors du réseau.
Le Conseil remarque que l’ensemble du tracé est inférieur d’environ 1700 mètres à la longueur des canalisations de gaz et demande que les lignes de distribution soient augmentées en conséquence. Plus grandes seront les facilités d’installations plus nombreux seront les abonnés».
Cette délibération du Conseil en dehors de la justesse des revendications nous apprend surtout que la population de 1924 est de 1300 habitants.
1924 – 4 octobre. Formation du Syndicat d’électricité de Conflans (qui existe toujours avec le même périmètre mais qui s’occupe aujourd’hui de l’enfouissement des lignes, Vernouillet est toujours membre ; Triel n’est pas cité mais rejoindra le syndicat en avril 1925)
Il est décidé le 4 octobre 1924 de la constitution d’un syndicat comprenant les communes d’Achères, Andrésy, Carrières sous Poissy, Cergy, Chanteloup, Conflans Sainte Honorine, Eragny, Jouy le Moutier, Maurecourt, Médan, Neuville sur Oise, Vauréal, Verneuil et Vernouillet.
Le Conseil Ouï l’exposé du maire :
« - décide de donner son adhésion de principe à la formation d’un syndicat intercommunal à condition que cette adhésion n’engage en rien la responsabilité financière de la commune»
Le préfet autorisera la formation de ce syndicat le 15 octobre 1924
Le Financement de l’électrification de la commune.
A partir du 21 novembre 1925, et dès le moment ou ne reste à régler que les questions financières le mouvement va s'accélérer.
Deux optiques bien différentes
-Par un banquier: Le 30 juillet 1925, M. Rhein, banquier à Paris, fait savoir que la Cie d’assurances « La Sécurité de la Vieillesse » serait disposée à consentir un emprunt pour les travaux d’électrification de la commune.
-Par la commune : Le 7 novembre 1925, le Conseil offre la somme de 15000 frs à la commune de Chapet pour l’électrification du hameau de Brezolles « à condition que cette électrification se prolonge sur le chemin rural n° 1 jusqu’à la sente 66 dite du Haut des Clos. Cette somme sera fournie par souscription des habitants de Brezolles, son intérêt de 6% sera payé par la commune de Vernouillet»
L'éclairage public, c'est pour demain
Le Conseil « s’engage à remplacer l’éclairage public au gaz par l’éclairage électrique dont l’établissement est prochain. »
Le 27 février 1925, pour ne pas retarder les travaux le conseil accepte de verser par avance sa part de subvention à consentir par le Ministre de l’agriculture en attendant que celle-ci soit versée par l’Etat au syndicat intercommunal d’électricité.
Le coût de l’installation de l’électricité dans la commune (sans Brezolles 15000 frs déjà payé, mais on ne parle pas de Marsinval)
Le 8 mars 1926, le maire explique que les études sont terminées et les travaux vont pouvoir commencer rapidement.
Le montant des dépenses résultant d’un concours à l’échelle du syndicat s’élève à 3.617.000 fr dont 2.542.000 à la charge des communes, la part de Vernouillet est de 185 000 fr (les recettes annuelles sont d’environ 90 000 fr).
Le Conseil ;
« adhère à la création du syndicat et approuve les statuts du syndicat, accepte sa quotte part fixée à 185000 fr, décide de couvrir cette dépense par un emprunt émis auprès des habitants eux-mêmes au taux de 6%, vote à cet effet 69, 37 centimes extraordinaires correspondant à une annuité de 13440 fr, s’engage, dans le cas ou la souscription publique ouverte dans la commune ne produirait pas une somme égale aux charges imposées à la commune par le syndicat, à se procurer la différence par emprunt. »
Le 17 novembre 1926, sur proposition de M. Degrond le Conseil demandera au syndicat d’éditer une brochure à l’adresse des futurs usagers.
Le 29 avril 1927, le Conseil désigne MM. Degrond, Pottier Louis, Pillot-Beauretour pour examiner le plan d’éclairage public et décide de mettre en adjudication l’éclairage des voies publiques et les bâtiments communaux.
Le 8 juillet 1927, c'est la société Nord-Lumière « Le Triphasé » qui obtient de l’Etat, après enquête publique, la concession d’une distribution d’énergie électrique. On se souvient que M. Mallet avait déclaré être en relation avec cette société, c'est donc bien lui qui est le concessionnaire, comme l'indique la délibération qui suit: « M. Mallet a été autorisé à installer les lignes électriques de la concession du Syndicat Intercommunal de la région de Conflans, or la loi a rendu obligatoire le contrôle communal de la construction et de l’exploitation des lignes électriques établies sous le régime des concessions communales.
Ce contrôle s’effectue par les agents de contrôle de l’Etat qui sont payés par l'exploitant » Les lignes étant en cours d’installation il y a lieu d’organiser ce contrôle au plus tôt, Vernouillet est enfin illuminé.
1928 – 6 janvier
Les habitants de Brezolles ne payent pas l’électricité… mais ils payent l’électrification !
Le 6 janvier 1928, le maire expose à l’assemblée :
- l’offre faite par M. Mallet concessionnaire du syndicat intercommunal dont fait partie Vernouillet de disjoindre du dit syndicat le hameau de Brezolles, partie Vernouillet
- l’acceptation de M. Mallet d’alimenter le hameau de Brezolles partie Vernouillet par le réseau créé par la commune de Chapet.
- La demande de remboursement de 15000 frs à la commune de Chapet pour les dépenses de la construction de la ligne électrique desservant Brezolles partie Chapet.
« Le Conseil, considérant que l’ensemble des dépenses s’élève à 22000 frs décide qu’une somme de 5000 fr soit prélevée sur le budget et que les 17000 frrs restants soient versés par les habitants du hameau désignés ci-dessous :
- Baron : 2000, Dappe Narcisse : 2000, Dappe Eugène : 2000, Paillette : 2000, Thuret : 1600, Beaucher : 1600, Boufrfrard Clovis : 1600, Vigouroux : 1600, Vve Bondin : 500, Brisson : 500, Dumon Alexandre 1000, Clérambourg : 600.
Intérêts et amortissement seront réglés en abandonnant la surtaxe communale de 4 fr par mois et par abonné et la redevance sur la consommation au prit des souscripteurs pendant une période de 30 ans à dater du 1er frévrier 1928. »
Le 23 octobre 1928 les souscripteurs feront savoir qu’ils n’acceptent d’avancer l’argent qu’à la condition d’obtenir un intérêt de 6% en plus du capital, Le Conseil acceptera cette exigence.
Extension du réseau dans Vernouillet
Le 30 novembre 1929, le maire rappelle « que les travaux d’extension des réseaux de distribution d’énergie électrique à effectuer dans certaines communes du Syndicat et en particulier à Vernouillet ont été mis au concours et que les propositions les plus avantageuses ont été celles offertes par la société « L’Electrification » de M. Guillot et Compagnie, 15 rue Championnet, Paris. » Les annuités pour Vernouillet s’élèvent à 306, 12 fr auprès de l’Office National du Crédit Agricole sur 30 ans.
1930 – 8 février. Electrification de Brezolles
Le 8 février 1930, le Conseil adressera une demande à Chapet qui peut paraître surprenante, il semble bien qu'à cette époque, toute concession consentie l'ait été en pensant qu'aux termes de celle-ci, le réseau installé devienne propriété de la commune qui en assurerait la gestion. En contre partie de sa participation Vernouillet demande à la commune de Chapet de prendre l’engagement par délibération de son Conseil « de se substituer à la société « Ouest-Lumière » pour la fourniture de l’énergie électrique à dater du jour ou elle rachètera cette concession. » On notera qu’à Chapet c'est Ouest-Lumière alors qu'à Vernouillet c'est Nord-Lumière qui assure la distribution.
Ce n'est que le 26 janvier 1932 que l' on s'occupe enfin de Marsinval
« Il est reconnu que cette extension du réseau électrique de Vernouillet devait être soumis au même régime que la concession communale donnée au concessionnaire du syndicat d’électricité de la région de Conflans. » En clair le Conseil souhaite que les conditions soient les mêmes pour l’agglomération et le hameau et il y est obligé au nom de l'égalité de traitement de tous ses habitants. Mais très curieusement il est rajouté que les tarifs seraient ceux inscrits au cahier des charges de la Société qui dessert Villennes, l’alimentation électrique se faisant par Villennes. Les ouvrages de distribution seraient incorporés à la concession syndicale à laquelle appartient Vernouillet.
Et c'est le 15 juillet que sera signée la convention pour l’électrification de Médan et de Vernouillet pour le hameau de Marsinval. « Le Conseil autorise le maire à signer une convention entre la commune et le syndicat intercommunal d’électricité de la région de Conflans, représenté par M. le Comte Cornudet, sénateur et maire de Neuville sur Oise,
Extension du réseau d’éclairage
Le 18 janvier 1934, le Conseil décide que l’éclairage de la rue Noël Gilles sera effectué dans la tranche votée par le syndicat.
Les coupures de courant exaspèrent la population
En septembre 1938, les habitants ont signés une pétition « contre la suppression intempestive du courant électrique » et le Conseil attire l’attention du syndicat d’électricité sur la durée et la fréquence de ces coupures.
Taxe communale sur la consommation d’électricité
Le 16 février 1941, le maire rappelle que depuis la suppression des surtaxes de puissance, le Syndicat d’électricité de distribution d’énergie « n’a plus les ressources nécessaires pour poursuivre les nombreuses demandes d’extension du réseau. » Cette situation étant préjudiciable à la collectivité, le Syndicat a examiné plusieurs autres modalités de financement, en particulier « la création d’une taxe communale sur la consommation électrique permise par l’application de la loi du 13 décembre 1926 et du décret du 31 août 1937. Le taux de 6% serait suffisant pour faire face aux charges de la réalisation d’un nouveau programme. » Cette proposition a été approuvée par le préfet le 13 janvier 1941. Cette taxe est toujours mise en application, c'est ce qui permet au Syndicat de Conflans de financer en partie les enfouissements de réseau des communes adhérentes.
Lumière dans les hameaux de Marsinval et Brezolles
La dépense évaluée en 1941 était évaluée à 160000 fr, le préfet signale le 25 juin 1944 que les travaux sont actuellement terminés et ont été réceptionnés par le service du Génie Rural.
Le coût définitif est de 163 329 fr ce qui fixe la participation communale à 48998 fr.
Le courant ne passe plus avec la société Mallet
« Le 11 août 1945, le Conseil demande à la société Mallet d’assurer un voltage en rapport avec le cahier des charges, soit 210-220 volts et proteste contre les coupures trop fréquentes surtout en soirée. »
Réfection de l’éclairage public abimé par les bombardements
Le 27 janvier 1948, la commune sollicite à nouveau une subvention du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme pour la réfection des ouvrages d’éclairage public mais n'obtient pas totalement ce qu'elle a demandé.
« Le ministère ne reconnait pas la proportion des dépenses à attribuer aux faits de guerre ou à la vétusté présentée par la commune. Le Conseil convient que les dégâts causés par les bombardements de 42, 43 et 44 qui ont eu lieu sur le territoire de Vernouillet sont difficiles à apprécier et acceptent le montant de la subvention tel qu’il est proposé. »
Electricité,
Médan se branche sur Vernouillet
Gaz et électricité, ont profondément changé les modes de vie des habitants et nous avons bien vu que ces services rendus à la population sont très vite adoptés. Au point que dès qu'une anomalie survient dans leur distribution, on a droit à des pétitions et réclamations des usagers. Le retour à la chandelle et au chauffage sur le poêle, pendant ces brèves coupures, leur semble insupportable.