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L'école

L’ECOLE A VERNOUILLET ENTRE 1800 ET 1950 Un siècle et demi de progrès constants et considérables

point sur la situation de l'enseignement

juste avant la période 1800-1950

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L’Instruction Publique une institution qui s’affirme.

La Révolution a donné le signal du changement et du mouvement à toutes les composantes de l’Instruction. En transférant le monopole de l’enseignement du pouvoir ecclésiastique au pouvoir politique les révolutionnaires ont voulu en faire l’une des missions principales de l’Etat.  

Sous l’impulsion de Lakanal, qui souhaitait «que les maîtres d’écoles soient recrutés par le peuple», et de Condorcet surtout qui prévoyait d’interdire «de confier l’instruction à des corps enseignants qui se recrutent eux-mêmes (l’Eglise était visée)» l’assemblée a cherché à réglementer l’instruction et à donner à tous une même éducation. C’est dans le projet Condorcet qu’apparaît pour la première fois le mot «Instituteur» pour désigner le maître d’école que chaque commune de plus de quatre cents habitants est tenue d’entretenir, et Condorcet a imaginé que ces instituteurs deviennent des fonctionnaires appointés par l’Etat.

De cette période suivant la Révolution il reste une décision très forte et affirmée dans la Constitution de 1791 : l’instruction publique sera gratuite. Le projet Condorcet prévoit aussi que cette gratuité doit être complétée par l’obligation. Mais l’esprit cartésien; qui  a réussi à établir et imposer le système métrique et à procéder à une division administrative réussie du royaume en départements, cantons et communes; n’a pas eu le même succès avec l’instruction et la plupart des termes du projet Condorcet ne seront repris que beaucoup plus tard.

Enfin, pour en terminer avec la période qui précède 1800, la loi Daunou votée en octobre 1795, prévoit l’instruction des filles au même titre que les garçons et elle stipule que la République fournira à chaque instituteur un logement et un jardin, ou à défaut une indemnité compensatrice. Toutes ces dispositions, constituant de nouvelles et lourdes charges pour les communes, ne sont pas accueillies avec enthousiasme par les élus. C’est seulement sous la troisième République qu’elles seront appliquées et certaines demeurent valides aujourd’hui. Mais c'est bien  à partir de cette époque que l’Ecole devient une institution nationale. L’Etat ne se borne plus à des recommandations ou une vague tutelle, il ne s’en remet plus à des corps privés, au premier rang desquels l’Eglise.

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C'est dans ces conditions que débute les 150 ans concernant «l'école à Vernouillet» que nous avons entrepris de vous raconter.

Sous le Consulat et l’Empire, Napoléon même si il a fondé l'université, a abandonné l’école primaire aux congrégations. Peut être pour lâcher un peu de lest vis-à-vis d’une église qu’il a passablement malmenée, c’est ainsi qu’une simple lettre d’obédience des frères des écoles chrétiennes tenait lieu de diplôme et d’autorisation d’enseigner. Ces prêtres mal formés ont été désignés dans le langage populaire sous le nom de «Frères Ignorantins» Napoléon ne tenant pas à ce que les masses populaires soient trop éduquées cherchait surtout à ce que les enfants apprennent la soumission et le culte de l’Empereur. Dans les villages ou les Frères n’enseignaient pas, les instituteurs étaient nommés par le maire et le Conseil municipal en accord avec le curé, ce qui était le cas de notre village.

L'éducation devient l'une des préoccupations majeures des élus

En 1800, il est certain qu’à Vernouillet c’est la commune qui a pris l’instruction en charge, il n’y a pas trace d’école privée ou confessionnelle, mais cela viendra vite !  Nous allons donc trouver une multitude de délibérations concernant l’école, les instituteurs et les élèves, qui témoignent du souci de la municipalité à résoudre les problèmes que pose l’éducation des jeunes Vernolitains.  C’est une constante à Vernouillet les élus, contraints bien souvent par la Loi et les représentants de  l’Etat mais disposant des maigres ressources d’un petit village de vignerons au début de notre récit, se sont toujours battus pour assurer aux enfants de la commune les moyens d’étudier, même si quelques fois les conditions d'enseignement n'ont pas suivi les normes.

Dès 1816, une ordonnance royale de Louis XVIII oblige les communes «à pourvoir à ce qui est nécessaire pour que les enfants reçoivent une éducation primaire».

L'installation du maître et de ses élèves dans  une «maison d’école» fait l’objet d'un nombre important de délibérations  qui nous permettent de suivre l'évolution de l’éducation à Vernouillet.

Mais avant ce parcours dans le temps, voyons comment M. Winkel, un instituteur en place à Vernouillet en 1899 appréhendait la fonction de maître d’école dans les années 1800.

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«Les maîtres d’école sont rares, mal logés et peu estimés et par conséquent  mal rétribués. Les gouvernants ne contribuaient pas à ce moment là de tous les pouvoirs, comme la République le faisait, à la diffusion de l’enseignement. Les maîtres d’écoles vivaient au moyen d’un métier ou d’une profession manuelle et des rétributions de leurs élèves. Souvent les maîtres d’écoles choisissait cette profession parce qu’un défaut physique leur interdisait un travail violent, ils étaient cependant obligés d’apprendre un autre métier puisqu’ils ne pouvaient pas vivre de leur seule profession, d’autant plus que les élèves fréquentaient l’école de façon irrégulière, la rétribution du maître était donc aléatoire. En 1800, sur 90 enfants en âge scolaire, la moitié seulement venait en classe.»

En février 1800, Nicaise Legueux est l’instituteur de la commune.

Marie Claire Tihon dans son livre sur l’histoire de Verneuil nous fait découvrir que son véritable métier est fabricant de bancs, ce qui ne prépare pas nécessairement à la carrière d’enseignant ! Mais ne l’empêchera pas d’exercer pendant 29 ans. Il semble surtout qu’il soit devenu l’homme à tout faire et de confiance du maire Laroche, il est donc aussi sonneur de cloches et secrétaire de mairie ou plutôt du maire. Et ceci corrobore les remarques de M. Winkel qui nous déclare que la profession ne nourrit pas son homme. Dans la liste des instituteurs que M. Winkel a  établi on trouve très curieusement, que pendant la période ou Legueux a exercé son métier d’instituteur, Mlle Marie-Anne Bouffard et Mme Marguerite Gouy, femme Legueux, sont déclarées institutrices depuis 1791 pour la première et 1792 pour la seconde.

Or on ne retrouve pas dans les comptes ou les budgets de la commune de sommes allouées à ces deux femmes au titre d’institutrices ou pour d'autres attributions, il est donc très tentant de croire que Nicaise Legueux déléguait cette partie de ses activités. Ce qui ne veut pas dire que les élèves y perdaient au change puisque de toute façon aucun brevet ou certificat de capacité n’était obligatoire à cette époque.

Le 15 février 1804 (An XII, le premier de l’Empire français.) le conseil vote une indemnité de logement au maître d’école de 50 francs» Malgré un cumul de fonctions et d’indemnités conséquentes Nicaise Legueux a un revenu inférieur à celui du garde champêtre.

La gratuité pour les familles indigentes (On écrivait à l'époque indigens sans t)

Le 12 janvier 1818, le conseil accepte la liste «des enfants indigens qui sont dans le cas de recevoir l’instruction gratuite» Ils sont au nombre de vingt deux répartis en treize familles, parmi lesquelles cinq veuves. En 1800 on comptait environ 45 élèves au total. C’est donc la moitié des familles qui manquent de moyens, les ravages causés par les guerres menées par Napoléon expliquent malheureusement le nombre de veuves et de familles pauvres.

La  «maison d’école»

    Le 15 novembre 1819, Nicaise Legueux est décédé depuis le mois de juillet, il a dispensé l’instruction à ses élèves dans son propre logement. Cette maison comprenait deux chambres contiguës et deux chambres à l’étage. L’exiguïté des lieux est peut être aussi une explication à la délégation d’une partie de ses élèves à sa femme, on imagine volontiers qu'elle s'est occupée des filles pendant qu'il enseignait aux garçons. A sa mort, sa veuve a gardé le logement,  il devient donc nécessaire de trouver un local pour l’enseignement puisque la loi exige «que les communes y pourvoient».

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 «Le conseil cherche un local pour servir d’école et à logement du maître. Dans ce but il est entré en pourparlers avec le sieur Fragot de Verneuil propriétaire d’une habitation rue Culoisel (rue P. Doumer) dans laquelle elle a son entrée principale et une entrée dans la rue de Triel par une porte sommière. Elle est composée de deux chambres à feu, grenier au dessus, cave et l’usage de la cour, du puits et des lieux d’aisance. Le sieur Fragot s’engage à construire une autre petite chambre pour être habitée comme logement. Le bail est fixé à cent francs l’an.»

Le 7 janvier 1820, l’école est  installée dans la maison Fragot, et comme Legueux enseignait dans son propre logement, il a fallu transférer les tables, les bancs, et le matériel d’instruction au nouveau local de la rue Culoisel. Mais le maire ne peut reprendre le poêle qui appartient à Mme Legueux, il doit donc se procurer rapidement «un poëlle et 14 bouts de tuyaux pour la somme de 47 francs payés au sieur Arguiser, chaudronnier à Triel»

Le local pour l'école étant assuré, il faut trouver rapidement un remplaçant à l’instituteur.

    Nicaise Legueux décédé  il faut donc procéder au recrutement de son remplaçant suivant les modalités inscrites dans l’article 20 de l’ordonnance du Roy du 29 février 1816 qui stipule que les maîtres d’école seront choisis conjointement par les maires et curés ou desservants. Changement important, depuis la Restauration, il est dorénavant nécessaire d’obtenir un brevet de capacité pour enseigner.

 Le 30 décembre 1819 le Conseil «… considérant; que d’après les renseignements obtenus conjointement avec monsieur le curé nous avons reconnu que le sieur Peltier Louis instituteur primaire possède les qualités, connaissances et conditions nécessaires ainsi que l’expérience pour remplir cette fonction, qu’il est porteur du brevet de capacité exigé comme l'indique monsieur l’inspecteur d’académie, qu’il n’y a aucune difficultés à accorder au sieur Peltier la succession du sieur Legueux; celui-ci est donc engagé ».

C’est donc avec un trimestre de retard que les écoliers ont pu enfin reprendre le chemin de l’école.

Les Instituteurs encouragés dans leurs fonctions par Louis XVIII

   Le 6 avril 1823, M. François David, l’instituteur nommé en 1922 en remplacement de Louis Pelletier,  reçoit un mandat de Louis XVIII au titre d’encouragement dans l’enseignement.

«Le gouvernement du Roy dans sa sollicitude pour propager et répandre l’instruction primaire dans les classes laborieuses de la société a jugé à-propos d’encourager les hommes estimables qui se livrent et se dévouent à cette utile et recommandable fonction. Pour répandre l’instruction propre à former des citoyens aimant Dieu de tout leur cœur et leur patrie dans la personne du Prince chargé de la gouverner»

C’est la première fois, à Vernouillet, où l’on trouve dans un texte officiel la reconnaissance d’un corps d’enseignants au niveau national.

La Loi Guizot

Application par la commune des premières décisions du nouveau ministre de l’instruction: François Guizot (extrait du conseil municipal du 20 novembre 1832)

 La formation des instituteurs.

«L’Administration supérieure, par les ordres et l’impulsion du gouvernement tient à encourager l’instruction publique par tous les moyens. Pour ces raisons il a été formé à Versailles une école normale primaire dans laquelle les instituteurs vont prendre des leçons élémentaires pour l’enseignement simultané par le mode des meilleurs maîtres. Pour l’établissement de ce mode d’instruction il faut un mobilier approprié à son objet, qui après examen de cette dépense dans les communes ou ce mode est déjà suivi, entraînerait une dépense de 100 francs.»

« Le conseil a voté une somme de 70 francs pour la construction d’un matériel propre au mode d’enseignement simultané de Gallien les 50 francs, ajoutés par monsieur le préfet, ont suffis pour ce matériel à l’école des garçons. Quand à l’école des filles il y a lieu d’en délibérer».

On est déjà loin du maître d'école autoproclamé ou désigné par le maire et le curé, quand à l'école des filles cette décision confirme que l’on n’accorde pas encore la même importance à l'éducation de ces demoiselles qu'à celle des garçons.

L'école de filles  

Il n'en reste pas moins que pour la première il est fait mention d’une école de filles, en fait il faudrait dire classe de garçons et classe de filles car il n’existe qu’une seule école. C’est seulement à partir de 1834 que sera créée une école de filles séparée de celle des garçons.  

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L’Instruction primaire et la loi Guizot

En octobre 1833, le maire explique que le défaut de revenus communal ne permet pas de voter le traitement de l'instituteur  aujourd’hui. « Cependant comme la loi actuellement en discussion devant les chambres contient une disposition qui doit obliger les communes de faire un traitement aux instituteurs, jusqu’à ce que cette loi soit devenue obligatoire, il n’y a pas lieu d’inscrire une somme au budget»

Il s’agit toujours de la loi du 28 Juin 1833 proposée par Guizot, Ministre de l’Instruction publique de 1832 à 1837, qui pour la première fois, fait de l’enseignement primaire un service public. Cette loi fait obligation à toutes les communes d’entretenir une école primaire élémentaire et gratuite aux indigents. Pour les communes de plus de 6000 habitants une école primaire supérieure et dans chaque département une Ecole normale chargée de former le personnel enseignant. Enfin elle permet l’ouverture « d’asile » pour les tout jeunes enfants, de cours pour adultes, d’écoles régimentaires, ou pour les apprentis et ouvriers. Mais chacun aura remarqué que la gratuité prônée par Condorcet ne s’applique encore qu’aux indigents…patience.

aura été de doubler le nombre d’écoles primaires entre 1833 et 1848.

Les dispositions de la Loi sur l’instruction primaire,  et l’ordonnance royale rendue pour son exécution imposent de nouvelles obligations aux communes. «Les conseils municipaux ont à régler l’entretien des écoles, les traitements des instituteurs ainsi que la rétribution mensuelle qu’ils pourront recevoir des élèves qui ne seront pas compris dans l’état de ceux que lesdits conseils municipaux auront désignés pour être admis gratuitement dans les dites écoles». Il

1834. La gratuité partielle, la rétribution scolaire

Le salaire des instituteurs,

Il est composé d'une partie fixe, de 200 francs par an, versée obligatoirement selon la loi par chaque commune et d'une partie fluctuante, payée par les parents d'élèves ou par la commune pour les indigents, et, appelée rétribution scolaire. Celle ci est établie suivant des critères définis par chaque conseil municipal et par tranches relatives au  niveau des études. Cette rétribution n'est versée évidemment que pour le temps passé à enseigner.

En 1834, il y a 9 garçons et 11 filles sur un total de 50 enfants scolarisés admis gratuitement, mais dont la rétribution est payée par la commune. En effet,  cette nouvelle loi sur l’instruction primaire autorise chaque instituteur communal à exiger de ses élèves une rétribution mensuelle fixée par le Conseil municipal.

Tableau de rétributions mensuelles fixées en trois classes :

  • 1ère classe : élèves prenant instruction élémentaire de la lecture, de l’écriture, du calcul y compris les règles des proportions, des principes de géométrie : un franc

  • 2ème classe : élèves pour l’initiation élémentaire de la lecture, de l’écriture : 75 centimes

  • 3ème classe : élèves pour les premiers éléments de la lecture : 50 centimes

Sur 50 enfants, si on prend une moyenne de 0,75 centimes, cela représente une somme annuelle d'environ 400 francs auxquels s'ajoute la partie fixe obligatoire de 200 francs, soit un total de 600 francs. C'est moins qu'un garde champêtre et moins qu'un cantonnier. C'est pourquoi, il y a toujours cumul de fonctions. L'instituteur est souvent aussi secrétaire de mairie, mais  l'institutrice n'a droit qu'à son seul salaire plus un encouragement de 50 francs par an.

En 1851, le salaire de l’instituteur est augmenté, la partie fixe reste à 200 francs et la partie rétribuée par les élèves passe de 400 à 557 francs.

Le coût de l’instruction, en février 1859, sans compter l’achat d’un bâtiment !

Délibération relative à la création de ressources pour les besoins de l’instruction primaire pour l’année 1859 :

« vu les dispositions de la loi du 15 mars 1850 et du décret d’octobre 1850 :

  •  il est proposé de fixer la rétribution scolaire à 1.50 francs pour tous les élèves

  • le traitement fixe de l’instituteur  est fixé  à 200 francs

  • les rôles pour la rétribution scolaire pour 1858 font apparaître une recette de 739.50 francs

-    la somme à allouer à l’instruction pour 1859 est donc de 200 + 739.50 = 939.50 francs

En conséquence il restera à fournir par le département et l’Etat la somme de 0 francs, toutes les dépenses étant couvertes.»

A cela s'ajoute les indemnités «d'encouragement» de 100 francs  pour l'instituteur et l'institutrice, le salaire de cette dernière n'est toujours pas pris en charge par la commune.

Evolution de la fréquentation scolaire sur 10 ans

    Le nombre d’élèves était de 50 en 1834, le 15 mai 1843 il est  de 80 en hiver et de 50 en été sur un nombre d’enfants en âge de fréquenter l’école constant de 90. Il y a donc eu, en peu de temps, un saut quantitatif non négligeable qui peut s’expliquer de plusieurs façons

-D’abord le retour au calme, les guerres de conquête coloniales sont moins meurtrières que les guerres napoléoniennes, les pères ont retrouvé le chemin des champs et les enfants qui les ont remplacés au travail celui de l’école. Avec une petite singularité bien compréhensible qui est la différence de fréquentation entre hiver et été, quand les enfants aident les parents pour les travaux urgents des champs.

- D’autre part, le département et l’état verse maintenant une subvention annuelle de 146 francs qui s’ajoute à la participation communale de 230 francs, alors que nous l’avons vu précédemment  la commune devait assurer la charge totale des dépenses d’instruction.

- Et surtout l’école est une institution publique que les communes ont l’obligation de soutenir, elle n’est pas encore obligatoire, mais déjà partout l’instruction est ressentie comme nécessaire.

L'école de filles

C'est par une délibération qui  concerne les 20 élèves admis gratuitement  que l'on a confirmation de la création d'une école ou plutôt de la classe de filles dont on a déjà parlé. En effet cette délibération du conseil doit être affichée impérativement à la porte de chaque classe. Elle sera donc adressée à monsieur l’instituteur  et à Madame Poussin institutrice (qui a succédé à Mlle Brignault). « En effet, en 1834 une école de filles a été crée , avec Mlle Brignault comme institutrice. Son salaire est assuré par la châtelaine mais elle reçoit un encouragement de 50 francs de la commune en considération de ce qu’elle admet gratuitement un certain nombre d’élèves de son sexe.» Ce n'est pas tout à fait une école libre, elle n'est pas confessionnelle non plus et est «encouragée» par la municipalité qui prête aussi la salle de classe.

Il semble donc qu’à Vernouillet l’éducation ait fonctionné à ce moment précis suivant un mode mixte : moitié public, l'instituteur étant payé par la commune, moitié privé, l'institutrice étant payée par la châtelaine, mais avec l'assentiment de la municipalité puisque l’institutrice reçoit une gratification municipale. C’est presque l’accord parfait.

C’est aussi le premier emploi public féminin au village, il sera suivi rapidement dans  l’administration des Postes avec une Receveuse et beaucoup plus tard par la secrétaire de Mairie.

 A la recherche d’un instituteur

   Le 5 août 1838, le maire déclare que l’objet de la réunion de ce jour consiste à «présenter», à MM. les membres composant le comité supérieur de l’instruction publique de Poissy, un candidat aux fonctions d’instituteur communal en remplacement de M. Chalot en poste depuis 1836 et qui a quitté la commune le 3 août dernier.

«Attendu le besoin urgent ou se trouvent les enfants de la commune, M. le maire présente M. François David ancien instituteur de cette commune. MM. Delarue et Bonhomme de la commission scolaire présentent aussi M. François David tandis que M. le curé a déclaré rester indépendant ne voulant présenter aucun candidat».

 Le comité supérieur de Poissy rejettera le 31 septembre la candidature de M. David «fondé sur ce que sa réintégration expose la commune à de nouvelles divisions». Il semble bien que ces divisions concernent les relations entre les partisans de la laïcité et ceux de l’enseignement libre. C’est aussi, la première fois ou il est fait mention d’un Conseil supérieur de l’Instruction siégeant au chef lieu de canton (Poissy à l’époque et non pas Triel)

Le plus étonnant c’est que François David avait donné sa démission en 1936, démission refusée à la suite de quatre délibérations municipales et d’une pétition d'une centaine pères de familles. Il était resté jusqu'à la fin de l'année scolaire. Il a été remplacé par Pierre Frédéric Chalot à la rentrée de l'année 36-37.

Le préfet impose son choix et Monsieur le curé boude!

     Le 27 septembre le préfet propose un candidat, le sieur Gourdan, ancien élève de l’Ecole Normale et le recommande vivement au choix du comité communal. Il engage cependant le comité communal à présenter plusieurs candidats  «parmi lesquels il ferait son choix, M. le curé est sorti de l’assemblée sans vouloir délibérer».

La commune examine les propositions du préfet mais persiste dans son choix de reprendre son ancien instituteur «fondé sur ce que le sieur David pendant l’espace de 14 ans qu’il a exercé à Vernouillet il n’a jamais été porté plainte contre lui et bien au contraire les familles verraient avec plaisir la réintégration du sieur David.

Comme on pouvait le prévoir c'est  le préfet qui aura le dernier mot

En effet, à la rentrée de l’année scolaire 38-39, c’est bien Pierre-Léon Gourdan le candidat du préfet qui succèdera à  M.Chalot.

La maison d’école

Les tribulations et la longue quête de la municipalité pour  trouver le local idéal pour la «maison d’école».

   Depuis 1820, l'école est installée dans la maison Fragot, mais les locaux sont étroits et le loyer élevé, la commune décide donc d'acquérir un bâtiment.

Projet d'achat de la maison Bignault

    Le 19 janvier 1837, le maire «estime nécessaire pour la commune de disposer d’une pièce ou l’on puisse déposer les archives de la mairie, conservées aujourd’hui à l’école, et il est de plus nécessaire d’avoir une maison pour la réunion des assemblées du conseil municipal, des assemblées électorales et une maison d’école tant pour l’instituteur que pour l’institutrice». Le conseil et les plus imposés de la commune donne leur accord pour examiner la proposition du sieur Bignault qui propose «une maison de 3 pièces au rez-de–chaussée, pareille au premier, plus un autre bâtiment qui n’est séparé du premier que par la cour, le tout au centre du village, tout près de l’église». Le conseil s’engage à payer la somme de six mille francs sur 4 ans et les intérêts de 5% par an.

Six mois plus tard ! le préfet refuse son accord en raison du prix trop élevé. Le conseil lui répondra qu’à Vernouillet le prix des maisons est élevé, «et que le sieur Bignault l'a déjà payée très cher». Le préfet fait alors examiner la maison par l’architecte Blondel de Versailles et à la suite de cette expertise le maire recevra, mais un peu tard, l’autorisation et une subvention de 1500 francs du préfet pour acheter une maison d’école.

Location de la maison Grenet

    Autorisation et subvention n'étant pas arrivées à temps et le bail pour l’école étant résilié, la commune est obligée de louer une maison au sieur Grenet pour la somme de 225 francs l’an. Cette maison servira pour l’école et la mairie.

Le 12 mai 1839, le maire donne connaissance d’un congé qui lui a été adressé par le sieur Marsal huissier à Poissy «à la requête du sieur Etienne Grenet et de la dame Buisson son épouse, de la maison que la commune lui louait pour servir de maison d’école à dater du 11 novembre 1839.» Le Conseil en vertu de la circulaire du préfet qui stipule que l’autorité communale ne peut louer de maison d’école sans l’autorisation de ce magistrat, «arrête que le maire fasse les démarches nécessaires auprès du préfet pour louer ou acheter une maison d’école.»

En novembre, la commune se trouvera donc dépourvue de maison d’école et de salle de mairie!

Location de la maison Senet

   Or le sieur Baptiste Senet propose une maison se composant : d’une cave, d’une grande salle et une cuisine au rez de chaussée, de deux chambres au premier étage, de deux autre chambres au deuxième étage avec grenier, une cour et un jardin pour la somme de 225 francs par an, c'est donc là que vont s'installer école et mairie. Jean Baptiste Senet, menuisier, figure dans le cadastre de 1821 comme propriétaire de la maison du presbytère actuel et de celle contiguë vers le haut de la rue.

Projet d’achat de la maison Senet !

    Un an plus tard, le 10 mai 1840, le conseil pense faire d’une pierre deux coups en achetant une maison qui pourrait servir d’école et de presbytère, la subvention de 1500 francs lui permet enfin d'envisager «d'acheter une maison d’école».

« - Considérant que la commune ne possède point de maison pour servir de presbytère et que pour ce motif la commune est privée de curé depuis la mort du curé Foata le 25 décembre 1838 et sachant que Monseigneur l’évêque de Versailles a annoncé qu’il ne peut envoyer de curé sans presbytère pour le recevoir

- Considérant que la commune ne possède point de maison d’école et que l’on doit en louer une, ce qui est parfois difficile

Le Conseil décide d’acquérir la maison du sieur Senet contre une somme de six mille francs payée en quatre année et les intérêts de cinq pour cent par an et décide de demander au préfet d’envoyer un architecte pour faire un devis de façon a ce que cette maison puisse remplir le double emploi auquel on la destine. »

Il semble donc que l'on ait trouvé une solution satisfaisante pour le clergé et l'enseignement, malheureusement, le devis a dû être dissuasif ou bien  certains conseillers municipaux n'ont peut être pas apprécié la cohabitation du curé et de l'instituteur, en tous cas le projet est abandonné!

Projet d'achat de la maison Vidal.

Le 30 août 1840 il n’est plus question de la maison Senet mais de maison Vidal «qui offre bien des avantages tant par sa  position retirée quoique au centre du village, que par sa grandeur et la commodité de ses appartements». Mais l’ordonnance royale qui devait permettre à Vernouillet  de lever un impôt extraordinaire pour faire face à la dépense de six mille francs n'est pas entériné par le Ministre de l’intérieur, et la commune doit renoncer à cet achat. Il est donc décidé deux ans plus tard, le 18 septembre 1842, de la louer pour 300 francs par an en attendant la levée de cette interdiction.

Mais il n'est pas mentionné ou l'école a eu lieu entre 1842 et novembre 1839, date à laquelle l'instituteur a dû quitter la maison Grenet, on peut supposer que le bail a été prolongé.

Retour à la case départ, achat de la maison Bignault,

La commune va pour la première fois disposer de ses propres bâtiments.

   Enfin le 28 janvier 1844, il n’est plus question ni de la maison Vidal ni de la maison Senet, encore moins de la partager avec le curé pour son presbytère, mais on  fait cohabiter les élèves et les pompiers !

Le conseil vote une somme de 3459 francs suivant le devis établi par l’architecte Blondel pour remettre en état la maison «qui servira de maison d’école et de dépôt à la dite pompe à incendie et ses accessoires». Le 11 juin suivant, une somme de 318 francs est votée «pour les honoraires de l’architecte pour état des travaux, et une somme de 678 francs pour les intérêts à servir aux sieurs Bignault et Baillargeat vendeur et entrepreneur de la maison d’école. »

Nous sommes donc revenu à la maison Bignault dont l’achat avait été programmé en janvier 37 ! Le manque d’argent ne semble plus être un obstacle puisque le conseil n’hésite pas à attribuer une somme jamais atteinte à ce jour. C’est enfin le bon choix !... mais rien n’est jamais acquis.

Le 16 novembre 1848, la commune revendra «un escalier dépendant de la maison d’école faisant saillie dans la propriété de monsieur Augustin Pottier, maître boulanger » Cette petite délibération a une importance, car elle confirme la localisation de la «maison d’école» achetée à M. Bignault. La boulangerie a été en activité jusque dans les années 1970 sous l’enseigne de «L’Ambiance». Pour la première fois la commune est propriétaire d'un bâtiment public communal, Tout semble donc aller comme dans le meilleur des mondes, pourtant des événements nationaux vont créer, à nouveau, les conditions de changements importants en matière d'éducation.

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La Loi Falloux

  Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte est élu à la présidence de la République.

La seconde république, reprenant les traditions de la Révolution, décrète avec la loi Carnot, l'obligation et la gratuité de l'enseignement primaire et le soustrait aux contrôles du clergé. Mais dès l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte il y a un retournement en matière de politique scolaire. L’assemblée est composée de 500 catholiques et monarchistes et de 250 républicains, c’est  un retour en arrière, qui en matière d’instruction se traduit rapidement par la loi Falloux du 15 mars 1850. Cette loi enterre le projet Carnot et replace l’instruction sous la dépendance du clergé. Elle affirme le principe de la liberté d'enseignement et marque ainsi la fin du monopole de l'Etat en matière d'éducation. Elle conserve cependant la gratuité pour les indigents, maintient un corps d'inspecteurs laïques et confirme l'institution du brevet de capacité. Enfin, au crédit de cette loi on peut retenir la réglementation pour la première fois de l'enseignement primaire pour les jeunes filles mais le fait d'avoir confié entièrement cet enseignement au pouvoir des congrégations est à mettre à son débit. La loi Falloux instaure aussi les salles d'asile (maternelle) et les cours pour adultes. A Vernouillet son application ne sera sensible qu'en 1870 avec la création d'une école privée de jeunes filles.

Toutes ces créations vont peser lourd sur les finances de petits villages comme Vernouillet, mais avant même d'y faire face, la commune a déjà un nouveau problème important à régler.

La «maison d’école»,  achetée après tant de difficultés est déclarée inapte à recevoir des enfants, rien ne va plus!

   Le 14 septembre 1856, l’inspecteur de l’instruction primaire constate que la salle de classe «est en défaut de salubrité» et recommande la construction d’une maison d’école nouvelle et la vente de celle qui existe. Avec la plus belle hypocrisie qui soit, le conseil municipal estime «que l’état de la salle de classe ne parait pas entraîner son changement, qu’elle est éclairée sur le midi par trois grands jours mobiles et à tabatière et que si ils étaient employés le renouvellement de l’air serait suffisant. En conséquence le conseil décide de ne point s’occuper (des remarques de l'inspecteur)». Ce qu’il fera jusqu’aux vacances d’été.

Car dès le 5 juillet 1857, la municipalité rejettera la responsabilité de cette maison inadaptée sur l’architecte qui l’aurait mal conseillé. Le conseil regrette que la commune soit obligée de renoncer à une école ou il a été dépensé au moins 14000 franc et «adresse à monsieur Blondel architecte ses reproches bien mérités. Monsieur Blondel au lieu d’appuyer le projet de la commune et de faciliter  à l’acquisition eut dû au contraire représenter au conseil qu’une classe ainsi encaissée au fond d’une cour ne réunissait pas les conditions nécessaires de salubrité et aurait dû faire son possible pour empêcher la commune de conclure un marché contraire aux intérêts de tous».

Pour faire face à cette fâcheuse situation, le maire fait appel à un autre architecte pour vérifier s'il est vraiment impossible de rendre la classe actuelle conforme aux exigences de l’inspection. Ce que l’on peut en déduire c’est que nos édiles de l’époque n’avaient pas la main heureuse en matière d’acquisition et que les choix qui ont été faits ne sont pas tous empreints du bon sens. A leur décharge, avant l'arrivée d'inspecteurs, personne ne contrôlait les locaux dans lesquels était dispensée l'instruction.

A la rentrée de septembre il n’y a plus d’école et plus d’instituteur à Vernouillet, le préfet se fâche et donne un bonnet d'âne à la commune.

   C’est seulement le 1er novembre 1857 que le maire fait part officiellement à son conseil de la lettre du préfet du 14 septembre qui dit :

«…vu l’état d’insalubrité du local servant d’école j'ai donné une autre destination à l’instituteur et j’attends pour en désigner un autre qu’il ait été remédié au déplorable état de l’école actuelle»

La commune se trouve dans une situation délicate. Le maire propose donc à son conseil d’acquérir la maison des époux Félix, résidants à Abbeville. Maison qui sert déjà de  presbytère depuis 25 ans. Cet achat pourrait être conclu moyennant un paiement de sept mille francs et permettrait de construire dans le jardin une salle d’école pour trois mille huit cent francs.  Soit un total de 11800 francs «desquels il y aurait lieu de déduire 2000 francs qu’il y aurait lieu d’espérer au titre d’un secours tant du département que de l’Etat». Le conseil refuse cette proposition à la majorité de 9 voies sur 12 membres. Il semble bien que sur cette affaire le maire a été mis en difficulté, c’est une des très rares fois ou l’on voit une proposition du maire rejetée avec une telle opposition, mais nous l'avons déjà vu la cohabitation de l'instituteur et du curé en un seul lieu n'est pas du goût de tous les conseillers. Nous sommes en effet en plein affrontement entre partisans de l'école laïque et école libre, que la loi Falloux a ravivé.

Bien que l'idée de loger l’école et le presbytère dans le même bâtiment divise le Conseil,

Le 20 décembre 1857, le maire, Jean Louis Vidal, insiste !

   Le maire fait part à nouveau de la mesure prise par le préfet le 18 novembre dernier « qui interdit le local d’école de Vernouillet comme étant insalubre et impropre à la destination qui lui est affectée ». Monsieur Mesnil a proposé l’acquisition de la maison Massé et Piger pour servir d’école et de presbytère. «Le Conseil a refusé la proposition du maire et s’est retiré de la séance avec son mauvais vouloir, excepté MM Martin Churlet, Jean-Louis Churlet et Etienne Bouffard qui seuls sont restés fidèles à leurs devoirs.»

Le 7 janvier 1858, la municipalité ne sait plus comment régler ce problème, dans un premier temps suivant le conseil du préfet elle nomme un architecte pour «examiner s’il est possible d’approprier l’ancienne maison d’école»

Le  préfet demande, en même temps, au conseil d’examiner une proposition de bail avec le sieur Boudreaux qui s’engage à fournir une salle grande et aérée et trois pièces ou chambres pouvant servir de logement à l’instituteur. Le Conseil ajourne sa décision en attendant les conclusions de l’architecte chargé du projet de réfection de l’ancienne école.

Le projet d'amélioration ou d'achat d'un nouveau bâtiment d’école n’avance toujours pas.

   L'école est installée depuis la rentrée de septembre 1844 dans un local déclaré insalubre le 14 septembre1856.

Le 23 mai 1858, après deux années de tergiversations, le conseil «désire s’occuper sérieusement de la classe ancienne» et  nomme Mr Maréchal, architecte, 23 boulevard du Temple à Paris  afin de «savoir si une amélioration pourrait avoir lieu en acquérant une maison attenante à l'école que les propriétaires désirent vendre».

Le préfet augmente la pression

   Le 5 septembre 1858, le préfet «ordonne au conseil municipal de se réunir» pour décider de l’acquisition d’un bâtiment et de voter les fonds nécessaires pour cet investissement.

Le maire, qui il y a deux ans trouvait l'école en bon état pour fonctionner, explique«que l’état actuel de la classe ne permet pas de stabilité, que de plus elle sera froide l’hiver et peu éclairée dans les temps brumeux, que le logement de l’instituteur est trop exigu pour qu’il soit possible d’avoir la pensée de le conserver longtemps.» En un mot il faut songer sérieusement à se pourvoir d’une maison  communale qui remplisse les conditions exigées par la loi et les instructions ministérielles.

Le maire, Jean Louis Vidal, qui doit être un peu têtu, rappelle qu’il a proposé l’acquisition de la maison des époux Félix d’Abbeville au prix de 7000 francs suivant la promesse de vente qu’il a entre ses mains. Cette propriété, située près de l’église et ayant vue sur la place publique, présente les conditions nécessaires. Monsieur le maire soumet donc au conseil le projet d’acquérir cette propriété et de «faire construire sur le devant de la maison qui servira de logement à l’instituteur, une classe et une mairie en réservant entre les deux bâtiments une cour qui sera encore assez vaste.»

Comme on pouvait s'y attendre, le conseil refuse, une fois de plus, cette proposition mais propose d’acquérir, soit le terrain de la rue Chaude appartenant au sieur Boy pour 200 francs l’are, soit un autre terrain situé rue Culoisel appartenant aux sieurs Thierry et Pottier qui laissent la commune libre de choisir la quantité de terrain nécessaire (10 ares environ). Ces deux propositions sont mises au vote et sur 9 votants 6 sont pour le terrain Thierry-Pottier et 3 pour le terrain Boy. Les plus imposés acceptent les conditions de l’achat et l’assemblée demande à monsieur le préfet de mandater monsieur Ruelle, architecte du gouvernement, pour examiner ce terrain et la possibilité d'y réaliser le projet d'école.

C'est là qu'il convient de refaire l'histoire de cette maison, car elle vaut d'être contée. Pendant des années les maires qui se sont succédés ont cherché à acquérir un immeuble désigné par le nom de son propriétaire, Félix, Massé, Husbrocq. Or il s'agit bien du même immeuble,en voilà la preuve.

Origine de propriété de la maison de l'instituteur

En juillet 1891, la commune a acquis, pour la somme de 7000 francs, la propriété de M. Paul Edouard Lefèvre, batteur d'or,  de Marie Emilie Husbrocq et Claudine Delphine Déon veuve de Louis Emile Husbrocq. Cette propriété située au Clos Thonesse jouxte les propriétés Bouffard et Brenu et Chéronnet et Martin.

En 1877, Louis Emile Husbrocq  fabricant de tabletteries, l'avait acheté à M. Victor Picarel et à Mme Emile Zoé Lamouroux.

En 1864, M. Picarel l'avait acquis de Madame Larue.

Cette dernière le détenait depuis le 7 février 1859 en communauté de biens avec Marie Elizabeth Godefroy par un achat à M. Felix habitant à Abbeville.

Ce M. Félix en était propriétaire de puis le 7 février 1850, par succession avec sa mère Madame Caroline Elizabeth De Lugé veuve en seconde noces de Monsieur Nicolas Félix et  une première fois de M. Antonin Jacques Massé

En 1816, M. Massé avait été déclaré adjudicataire, en conséquence de la saisie de cette maison à la suite d'une requête de M. Charles Picq  contre M. Michel Firmin Delhomme son créancier.

Le 16 juillet 1807, M. Michel Firmin Delhomme, bourgeois de Poissy, avait acheté « la maison de Vernouillet » à Madame Marie Henry Vetheuil veuve de M. Arnoult Pierre Laroche.

Dans un acte du notaire Fournier de St Germain il est dit «  Laroche tient cette maison de la presque totalité de Jean Baptiste Thonesse ». En ce qui concerne le morceau qu'il manque « pour faire la totalité » on retrouve que 19 fructidor de l'an X, Joseph Legendre, cultivateur, et Geneviève Churlet sa femme on vendu un terrain tenant d'un coté au mur de J.B. Bouffard et à l'autre au mur de terrasse de jardin de M. Laroche. Le terrain de M.Legendre lui avait été vendu par le sieur Thonesse

Cette maison aura donc abrité en autre un maire, les curés et les instituteurs. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle est chargée d'histoire!

Projet d’école rue Culoisel, le rapport de l’architecte

   Le 21 novembre 1858, le rapport et le plan montrent que les terrains choisis «sont convenables mais que la largeur de 14.80m est insuffisante pour le développement de ce bâtiment, cette largeur devrait être de 22.50m.» Comme  les propriétaires des parcelles voisines consultés par le maire ne veulent « à quelque prix que ce soit céder une partie de leur propriété» le projet est donc abandonné et les enfants continuent d'étudier dans des locaux insalubres.

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Projet d'école sur un terrain appartenant à M. Rennes, ancien maire, dans la ferme du château. (C’est là que sera construit en 1930 le groupe scolaire et la mairie actuelle)

«Le Conseil désirant donner à la commune une maison d’école convenable propose à monsieur Rennes propriétaire en cette commune d’acquérir de lui, un terrain dans lequel est construit un grand bâtiment servant de grange et dont la contenance y compris la grange est de 19 ares 40 centiares. Le dit terrain est situé au centre du village à moins de 100m de l’église section A n° 1524. M. Rennes en propose la vente pour la somme de 1000 francs.»

Le Conseil demande au préfet de bien vouloir charger M. Rennes de l’examen de cette propriété afin de pouvoir donner suite au projet d’école.

Le 27 février 1859, suite à l’enquête de «commodo et incommodo» qui a eu lieu le 26 février, le Conseil et les plus imposés décident «que la commune s’impose par prévision aux rôles de 1860 d’une somme de 0.20 francs par franc pour faire la somme de nécessaire à payer le terrain de monsieur Rennes le temps que durera l’imposition.»

Mais le 14 avril Monsieur Rennes se rétractera et le projet à cet endroit sera abandonné.

Les enfants sont toujours dans des locaux insalubres!

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Vers l'Ecole des Tilleuls telle que nous la connaissons

Projet d’acquisition de la maison Morlet attenante à l'école actuelle

   Le 21 février 1874, le maire expose «que par acte sous seing privé en date du 19 octobre 1873 la commune a acquis des héritiers du sieur Pierre Adolphe Morlet une maison et ses dépendances rue du Bout Large attenant à la maison commune ou est présentement installée l’école de garçons moyennant la somme de 3000 francs payables en dix ans.» Le but est de raser la maison en mauvais état et sur son emplacement, qui fait suite à l’école de garçons, d’en faire construire une autre réunissant les conditions exigées sous le double rapport de la capacité et de la salubrité, conditions que l’école actuelle ne remplit pas. Les travaux sont estimés à 7908 francs.

Le 20 août 1874 le ministre de l’instruction publique refuse la subvention de 3000 francs demandée  pour cette opération.

Le maire fait alors état d’une proposition du docteur Vannier, conseiller municipal qui propose de prêter  15000 francs à la commune remboursable annuellement. Le conseil remercie le docteur Vannier et estime «que de toutes façons cette somme ne suffirait pas à la construction d’un bâtiment qui réunisse mairie, deux salles de classe et deux logement d’instituteurs.»

 Le 3 janvier 1875, le préfet annonce le renvoi du dossier relatif au projet d’agrandissement de l’école de garçons sur le terrain acquis en octobre 1873 et propose un nouvel emplacement sur la propriété Usbrocq. Le conseil estime « que l’achat et les constructions dépasseraient les 20000 francs que la commune déjà endettée avec l’église ne peut supporter un tel emprunt, en conséquence le conseil rejette cette proposition du préfet.»

Et le 17 mai 1875, le ministre de l’Instruction Publique donne enfin son accord au projet de construction d’une salle de classe pour les garçons, sur le terrain Morlet acquis en 73 à coté de la première école. Il propose aussi une  subvention de 3000 francs à verser en 1876.

L'école des garçons est enfin installée dans des conditions de fonctionnement satisfaisantes. Ecole de garçons seulement, car depuis 1873 les filles sont installées dans un bâtiment séparé, comme l'ordonne une loi vieille déjà de 8 ans  et comme le prouve l'histoire qui suit.

La loi Duruy et son application à Vernouillet

La loi du 10 mai 1867 de Victor Duruy, crée et organise dans chaque département, un Conseil départemental de l'Enseignement primaire, avec ses attributions administratives et disciplinaires et surtout son droit de regard sur l'ouverture des écoles et des internats privés.

Mais, ce qui va concerner plus rapidement  note village, c'est l'obligation pour chaque commune de plus de 500 habitants d'ouvrir une école spéciale pour les filles. La loi prévoit aussi la  constitution d’une Caisse des écoles pour faciliter l'accès à l'école des indigents et elle autorise les communes à entretenir des écoles totalement gratuites (plus de rétributions de parents). Enfin, la loi Duruy introduit l'apprentissage de l'histoire et de la géographie à l'école primaire et encourage la création de bibliothèques populaires dans les écoles.

Instruction primaire, l’école des filles est obligatoire :

Un problème de plus pour la municipalité.

     Les élus qui viennent à peine de résoudre le problème d'une école de garçons conforme aux règlements d'hygiène et d'espace sont maintenant confrontés à cette loi qui exigé une école de filles séparée. Or à Vernouillet l'école est mixte. En 1834 il a bien été créé une classe de filles, avec Mlle Bignault comme institutrice. Mme Poussin lui a succédé, mais cette dernière n'a pas été remplacée, c'est maintenant l'instituteur qui a en charge la totalité des élèves comme l'indique la délibération suivante :

Le 18 août 1867, le maire donne lecture d’une circulaire préfectorale concernant la loi Duruy du 10 mai 1867 sur l’instruction primaire. Le moins que l'on puisse dire c'est que la commune traîne les pieds devant les dépenses à envisager et que ses arguments contre l'application de la loi sont peu convaincants pour ne pas dire spécieux:

«Considérant que la commune ne possède aucun local où pourrait être établi une école de filles et est dans l’impossibilité financière d’en acquérir, qu’il n’existe pas d’emplacement pouvant y être convenablement affecté.

Considérant que l’école mixte telle qu’elle existe n’a jamais donné lieu à aucune plainte et fonctionne à la satisfaction des familles, que l’instruction que les enfants des deux sexes y reçoivent est incontestablement supérieure à celle qui est donnée dans la généralité des écoles de filles.

Considérant aussi que l’établissement d’une école de fille aurait pour conséquence d’amoindrir  la pension de l’instituteur (la rétribution serait diminuée de moitié). La commune ayant déjà fait l’essai dans un passé peu éloigné d’une école  de filles dont les résultats ont été loin d’être satisfaisants.»

Le Conseil est unanimement d’avis «de maintenir l’école mixte telle qu’elle existe. Cependant bien que ne pensant pas que le traitement de la directrice des travaux à l’aiguille soit une charge communale mais voulant satisfaire aux exigences de la loi il alloue à cette directrice un traitement annuel de 100 francs.»

Le Conseil considérant «que si l’on admettait que la commune doit à chaque enfant l’éducation gratuite il faudrait admettre qu’elle doit aussi nourriture et vêtements qui sont d’une nécessité plus impérieuse»

«Le Conseil, refuse  la gratuité de l’enseignement, ne trouve pas indispensable la création d’une caisse des écoles à Vernouillet et considérant que le nombre d’élèves est inférieur à 80, cela ne justifie pas la création d’un maître adjoint.».  80 élèves dans une seule classe, sans commentaires! Quant à augmenter la rémunération de la directrice des «travaux à l'aiguille», c'est une manœuvre qui n'a certainement pas trompé l'Inspection académique. Enfin la comparaison entre l'obligation d'éducation et de subsistance est franchement inappropriée.

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 La bataille entre l’école libre et l’école laïque

   Comme la loi le permet, et qu'il n'existe pas d'école de filles à Vernouillet, l'école libre s'engouffre dans la brèche et ouvre son école de filles, mais aucun document ne précise sa localisation,  assez logiquement, elle ne devrait pas être très loin du presbytère!

Le 10 septembre 1870, le maire expose qu’en cette commune une institutrice Mlle Normand vient d’ouvrir une école libre de filles, et qu’aux termes de la loi du 15 mars 1850 aucune école privée ne peut, sans l’autorisation du Conseil Académique, recevoir d’enfants des deux sexes si il existe sur la commune une école publique ou libre de filles.

La commune se trouve donc en difficulté et en conséquence «l’instituteur communal de Vernouillet se voit dans l’obligation de ne plus recevoir, comme cela existe de temps immémorial, aucun enfant de sexe féminin. De plus, un grand nombre de pères de familles témoignent une répugnance marquée à confier leur fille aux soins de Mlle Normand et déclarent qu’à aucun prix leurs enfants ne fréquenteront cette école»

Vu cet état de choses le maire propose au Conseil de créer une école de filles et en attendant son installation sollicite provisoirement le maintien de l’école mixte. L’instituteur communal sera provisoirement autorisé à recevoir dans sa classe comme cela existe aujourd’hui les enfants des deux sexes. Le maire prie M. le Préfet «d’accorder cette autorisation pour laisser à chacun la liberté de choix entre les deux écoles.»

Le 21 mai 1871, la situation est toujours la même la municipalité cherche encore à gagner du temps, elle n'a pas réussi à se procurer de local séparé  pour l'école des filles.

Le conseil considère «que depuis septembre 1870, époque à laquelle l’instituteur communal a été forcé de renvoyer de son école les enfants de sexe féminin plus de la moitié des jeunes filles ne reçoivent plus d’instruction ou sont obligées d’aller à l’école communale voisine. Le conseil renouvelle le vœu d’établir une école de filles et qu’en attendant l’établissement de cette école communale de filles, l’école dirigée par monsieur l’instituteur Dubois redevienne école mixte.»

Le Conseil Départemental de l’Instruction Publique rejette bien évidemment cette demande. La justification de cette décision est basée sur le fait qu’il existe à Vernouillet une école libre de fille ou l’on ne paye pas plus cher la rétribution scolaire qu’à l’école communale. Devant la pression exercée par les pouvoirs publics, le maire cherche d'autres arguments, il fait observer «que le local ou est établie cette école libre de fille est trop exigu pour recevoir 50 jeunes filles et laisse à désirer sur le plan de la salubrité publique. Il a oublié que l'école communale a longtemps souffert du même mal! Il ajoute «que les 14 jeunes filles qui vont journellement à l’école communale de Verneuil ne seront bientôt plus reçues dans cet établissement.»

Finalement, après avoir gagné un peu de temps avec ces arguties, la municipalité admet qu'il devient urgent de trouver «un local pour établir une école de filles communale à Vernouillet», mais c'est un peu tard...

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Et comme toujours, le préfet rappelle à l'ordre le mauvais élève

qu'est la commune de Vernouillet

   Le 5 juin 1873, le maire donne lecture de deux lettres du préfet desquelles il résulte que la commune « est mise en demeure de satisfaire aux dispositions de la loi du 10 avril 1867 obligeant à créer une école séparée de filles de celle des garçons.»

Le conseil doit décider si cette création peut être installée dans le local actuellement occupé par Mlle Normand, devenue Mme Duvoy, institutrice libre dans le cas ou la commune prend en charge le matériel de cette classe.

Sommé par le préfet d'obtempérer, dans un revirement spectaculaire le Conseil déclare, sans aucune hypocrisie, qu'il n’est pas hostile à la création d’une école de fille «et considérant que la mise en demeure est formelle il décide de ne pas s’opposer à la création de cette école.» Comme le local actuel de 25m2 n’offre pas la capacité de recevoir jusqu’à 50 jeunes filles, la commune choisit un appartement dépendant de la maison de M. Charles Thierry «située place de la Croix pour un bail de 300 francs par an.» Mme Duvoy accepte que la commune reprenne les 5 tables, l’escabeau, le tableau noir, une table à pupitre pour la somme de 100 francs. Dans son livret écrit en 1899 l'instituteur M. Winckel situe cette première école de filles, impasse de la Rochelle et dans le registre des délibérations du conseil on indique Place de la Croix, cette place étant la place de l'église, il est tentant de situer l'école dans le bâtiment qui fait l'angle entre les deux impasses La Rochelle et Decaris.

Alors que l'on touche au but, l'Etat affiche des exigences dont personne n'a tenu compte à ce jour, mais cette fois la mairie trouve rapidement une solution.

En effet le 21 juin 1873, le maire indique que M. l’Inspecteur d’Académie n’a pas accepté le local proposé. M. Lelarge Louis Charles, entrepreneur est chargé de tirer partie des constructions déjà existantes ou d’édifier un bâtiment dans un emplacement lui appartenant et situé au lieu dit Clos Thonesse.

 Le bâtiment destiné à recevoir l’école de fille devant avoir «une grande salle de 45m² sur 3 m de hauteur bien éclairée et aérée. Un puits avec de l’eau et pour l’instituteur un logement de trois pièces et sous sol pour la cave et le bûcher.» C'est la solution de la remise en état du bâtiment Thierry qui sera retenue et après d'importants travaux, l'école des filles ouvre ses portes. M. Winckel en poste à l'époque nous assure que cette école a fonctionné jusqu'en 1888, date à laquelle l'école des filles des Tilleuls a été inaugurée.

Ce que confirme l'information du maire à son Conseil : «Messieurs les inspecteurs d’Académie et de l’Instruction primaire ont visité les lieux et approuvés les dispositions prises». La commune paiera pour le bâtiment et le terrain un loyer de 300 francs l’an pour un bail de six ans. Mais pendant 7 ans encore pressé par l'académie ou le préfet, la commune va améliorer le confort de cette école de filles.

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La commission scolaire propose de nouvelles solutions

   Le 20 février 1881, suite à la remarque du préfet mettant en demeure la commune d’améliorer l’installation de l’école des filles, le Conseil nomme M. De Saint Léger et M. Bouland pour diriger une commission chargée de trouver une solution à ce problème.

Le 4 avril le rapporteur M. De Saint Léger, maire entre 1874 et 1880, propose différentes solutions

- un immeuble contigu à la mairie et à la salle des garçons appartenant à M. Churlet Gilles

- deux terrains situés rue Chaude

C’est le terrain de M. Charles Martin, rue Chaude, qui est choisi, pour son intérêt à pouvoir y réaliser un passage reliant la rue Chaude à la ruelle du Clos Thonesse. Le Conseil autorise le maire à signer une promesse de vente pour ce terrain, mais l'affaire ne se fera pas.

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Acquisition du bâtiment Churlet

En effet, le 26 mai 1881, l’inspecteur d'académie, qui était d’accord pour l’établissement de l’école des filles rue Chaude, refuse que le terrain soit amputé de la largeur d’un passage donnant accès sur le Clos Thonesse. Comme le prix du bâtiment Churlet a été diminué, entre temps, le Conseil souhaite reconsidérer son choix et ajourne sa décision à une prochaine séance.

Et le 10 juillet, les conseillers décident de l’acquisition de la maison Churlet moyennant 7000 francs, «vu que cette acquisition et celles des immeubles Michel et Gourdon permettront de regrouper les deux écoles et la mairie. Non seulement l’école des filles mais aussi celle ces garçons y gagneraient sous le double aspect de l’aération et de la sécurité. La viabilité du village se trouverait améliorée en supprimant une saillie de 2.5 m que fait la maison Churlet sur la voie publique rendant la sortie des enfants pleine de dangers»

Le 30 octobre, le Conseil municipal, «vu les conclusions de M. l’Inspecteur d’Académie qui recommande de raser les immeubles Churlet, et Gourdon afin de procurer de l’espace et un jardin à l’instituteur, vu que l’école de garçons date à peine de 5 ans, décide de revenir à la création simple d’une école de filles et abandonne le projet de regroupement des écoles et de la Mairie.» Mais on y reviendra.

Le 23 novembre 1884, la commune s’est rendue adjudicataire «d’une maison située rue du Bout Large et ayant appartenu au sieur Louis Churlet à l’effet d’y installer la nouvelle école des filles et ce pour la somme de 6200 francs» payable par un emprunt. Celui-ci serait remboursé par une nouvelle imposition qui rapporterait 1350 francs par an et sur 6 ans.

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Le préfet et le Président de la République approuvent le projet d'Ecole des filles

- Vu l’arrêté du préfet qui autorise l’acquisition de la maison Churlet ainsi que l’emprunt qui y fera face

- Vu le décret de M. le Président de la République approuvant l’autorisation sus visée

Le 4 juillet, le Conseil, «attendu que cet immeuble est sujet  à ravalement et gène la circulation sur le chemin n° 44 dit rue du Bout Large, qu’il est dans un état complet de vétusté et qu’il doit nécessairement être démoli, qu’il sert de refuge aux vagabonds» demande à M. le Préfet l’autorisation de le démolir. M. Bénoni Lelarge entrepreneur à Vernouillet soumissionnaire sera chargé d’exécuter les travaux.

Les plans sont approuvés mais les subventions manquent à l'appel

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 Le 6 février 1887, l’architecte M. Maréchal présente les plans qui sont approuvés par le Conseil. «La classe des filles se trouve dans les conditions semblables à celle des garçons récemment construite, le logement de l’institutrice est disposé de façon à permettre la construction symétrique d’un logement pour l’instituteur, le tout devant former avec une salle de mairie un ensemble de constructions telles que sur le plan.» Le Conseil prie M. le maire d’entreprendre les démarches les plus actives afin d’obtenir du Département et de l’Etat toutes les subventions et tous les secours accordés par les lois.

L’architecte auteur du projet évalue les dépenses à 25742 francs y compris le mobilier scolaire, les subventions espérées déduites il restera une somme de 23900 francs à charge de la commune que celle-ci pense obtenir par un emprunt remboursable par imposition extraordinaire sur 30 ans.

En gris les bâtiments existants, en rose les parties à acquérir pour réaliser les plans suivants

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Les travaux de l’Ecole des filles ont débutés.

   Le 25 octobre 1887, les habitants de la ruelle contiguë à l’école des filles dont les travaux viennent de commencer demandent que la ruelle soit élargie dans la mesure du possible. Le Conseil convoqué d’urgence s’est rendu sur place et avec l’accord de l’architecte a décidé «que le mur de clôture qui aboutira sur la rue du Bout Large sera en retrait de 0.50m par rapport au plan établi et que ce mur prévu en pleine maçonnerie serait monté à faible hauteur et surmonté d’une grille suivant le mode adopté pour la façade sur la rue du Bout Large.»

De l’eau pour les filles et les passants

Le 14 octobre 1888, le nouveau maire, Augustin Hottot expose «que le nouveau bâtiment de l’école des filles est dépourvu d’eau. Le Conseil décide qu’un ancien puits existant près de la grille de l’école en bordure de la rue du Bout Large et actuellement couvert de dalles sera remis en état et qu’une pompe y sera adaptée. Cette pompe scellée dans la cour de l’école sera disposée de façon à ce qu’un balancier puisse être actionné de la rue pour fournir de l’eau au public ».

1888 – 11 novembre. L’école des filles, épilogue.

Teneur de la lettre de M. Martin, Inspecteur primaire.

Académie de Paris, Versailles le 28 octobre 1888.

L’inspecteur primaire après avoir visité en compagnie de M. le maire et M. l’architecte les travaux de construction de l’école des filles certifie que les travaux sont entièrement terminés et sont conformes aux plans et devis approuvés par le ministre. Signé Martin

A partir de cette date les écoles de filles et de garçons sont réunies en un même lieu : l'école des Tilleuls, mais il reste encore beaucoup à faire pour qu'il devienne ce qu'il est aujourd'hui.

Groupe scolaire filles et garçons et mairie

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   Le 11 décembre 1892, le Conseil prie M. le maire de hâter le projet de groupe scolaire avec mairie et de se mettre en rapport avec Mlle Gourdon pour lui acheter son immeuble.

En août 1893, le maire rend compte des démarches auprès de Mlle Gourdon, lui ayant offert 6000 francs pour son immeuble rue du Bout Large, il lui a été impossible d’obtenir «même une simple contre-proposition.»

La commune n’ayant pas eu de réponses à la proposition d’achat, décide «d’entamer une procédure d’expropriation de l’immeuble Gourdon, avec l’approbation de l’autorité préfectorale.»  M. Nausot avoué à Versailles est chargé de cette affaire.

Projet de construction groupée d’une mairie, d’un logement d'instituteur et d’un bureau de poste... le bâtiment à tout faire!

Le 7 juin 1894,  le Conseil, après examen des plans présentés par M. Carrier architecte à Paris, décide «qu’à cause de l’exiguïté du terrain il n’est pas possible d’ériger les trois constructions.» Le projet sera donc limité au logement de l’instituteur et à la mairie, il restera à trouver une autre solution pour la construction du bureau de poste.

Devant les difficultés à construire un logement d'instituteur sans que cela entraine des difficultés avec la poursuite de l'enseignement à l'école des garçons, on recherche une autre solution. C'est la solution de désaffection du presbytère proposée par M. Degrond.

Le 20 mai 1900, le Conseil considère que le bâtiment actuel à usage de logement de l’instituteur est appelé à disparaître un jour, soit qu’il s’agisse seulement de démasquer l’école des garçons, soit qu’il s’agisse de compléter le groupe communal par l’édification d’une mairie.

Désaffection du presbytère pour y installer la mairie et utilisation  de la mairie actuelle pour agrandir les écoles.

Le 9 octobre 1901, M. Degrond propose au conseil d’inviter M. le maire à demander au préfet «si le presbytère peut être désaffecté à la condition d’assurer un logement convenable et concordataire au Desservant, à seule fin d’installer la mairie dans le presbytère actuel ce qui permettrait d’agrandir les écoles en utilisant la mairie actuelle.» Le conseil partagé adoptera cette idée par 5 voix contre 3. Le préfet répondra le 14 octobre que cette désaffection ne peut avoir lieu qu’avec le consentement du Conseil de Fabrique et de l’autorité diocésaine, Le Conseil de Fabrique ne répondra pas avant le 14 juin 1903 et comme on pouvait s’y attendre par la négative.

En 1905, suite à la mise en application de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, les communes n'ont plus l'obligation de loger le curé. La mairie peut donc disposer de la maison du presbytère qui lui appartient.

Le Conseil décide d’affecter le presbytère à l’instituteur.

   En février 1907, la question posée au Conseil est de savoir «si on continue de louer le bâtiment communal qui sert actuellement de presbytère ou si en le désaffectant on peut l’utiliser comme logement d’instituteur ou comme mairie.»

M. le maire pose alors la question suivante : logera-t-on l’instituteur au presbytère ?

Au vote à l’appel nominal MM. Degrond, Vallerand, Lenoir, Pottier Lucien, Potier Georges, Fouché, Decaris Marie disent OUI et MM. Decaris Juste, Dangueuger, Hottot répondent NON. C’est donc par 8 voix conte 3 qu’il est décidé de loger l’instituteur dans le bâtiment communal ayant servi comme presbytère.

L’avis d’un Inspecteur et d'un architecte pour installer des urinoirs, une nécessité évidente !

M. l’inspecteur primaire a exprimé «le désir que des urinoirs fussent installés dans la cour de l’école des garçons dont les deux cabinets sont insuffisants.» Le Conseil décide le 21 février 1909  que l’avis de l’architecte soit demandé en vue de cette installation.  Le devis est de 327,88 francs.

L'histoire rocambolesque de la maison Gourdon

La maison Gourdon, fait beaucoup trop d'ombre

                        Le 11 décembre 1881, la commune a acheté la maison Churlet et en vue de construire un groupe scolaire homogène et aéré, elle a l'intention d'acheter et de raser les bâtiments Michel et Gourdon situés en façade, le long de la rue de Poissy (E. Bourdillon).

Mais très curieusement ce n'est que vingt et un ans plus tard, le 6 juin 1909 que la commune reconsidère enfin la question «l’école des garçons est privée de soleil,  les enfants manquent d’air, l’instituteur dispose d’une cour insuffisante pour la récréation des élèves,  cette cour est mal exposée et  l’air est vicié par les water-closets et les latrines disposés à cet endroit, enfin les classes sont de plus en plus chargées par suite de l'augmentation de la population d'employés à la gare de triage.»

Le Conseil invite le maire à se mettre, à nouveau, en rapport avec Mlle Gourdon pour l’achat de sa propriété « à seule fin de raser complètement cette maison ainsi que les immeubles faisant suite appartenant à la commune ce qui dégagerait complètement les écoles et donnerait une cour convenable aux ébats des écoliers.

Le 11 août 1912,  une offre d'achat est proposée à M.  L’abbé Gourdon, curé doyen de Marcoussis, pour la maison héritée de Mlle Gourdon située entre les écoles et la  rue de Poissy. En août la réponse de l’abbé Gourdon douchera l’enthousiasme de nos élus, le prix de 6000 francs, est  trop élevé pour un immeuble à démolir. Le Conseil décide de ne pas tenir compte de cet immeuble dans le projet de reconstruction du groupe de bâtiments communaux, école- mairie. Le maire dépose alors les plans dressés par M. Poisot architecte à Triel :

«Pour les travaux de démolition de l’ancien logement de l’instituteur et de la remise de la pompe à incendie dans le but d’aérer les classes, et pour les travaux de reconstruction d’un local pour la pompe, et d’amélioration de la salle de la mairie.»

Le 28 octobre, les plans et devis sont approuvés par le préfet. Pour le financement il convient donc de traiter avec le Crédit Foncier de France pour emprunter 14500 francs, les annuités seront de 819 f pendant 30 ans.

Le 4 mai 1913, le Conseil charge le maire de prendre les mesures pour l’expropriation de l’immeuble Gourdon.

Le 21 août 1913, le conseil demande de nouveau l’expropriation de l’immeuble Gourdon, « pour créer une classe enfantine, construire une école de garçons. Le conseil adopte les plans de M. Poisot, architecte, en ce qui concerne la classe enfantine et le logement de l’institutrice adjointe, quand à la classe des garçons elle pourrait être édifiée sur l’emplacement  défini au plan, à cet endroit les classes pourraient bénéficier de toute l’aération et l’éclairage désirable, la surveillance des cabinets serait plus efficacement exercée, l’aménagement d’un vestiaire dans le local que possède la commune serait facile à réaliser, et cette classe élevée sur un sous sol servant de bûcher se trouverait ainsi dans de meilleures conditions de salubrité ». Le devis est établi à 45250 francs mais la somme qui resterait à charge de la commune serait diminuée par les subventions de l’Etat et du Département.

Projet Poisot avec expropriation du bâtiment Gourdon :

L’avis du ministre sur la construction d’une nouvelle école

   Le 12 janvier 1919, le Ministre de l’Instruction publique à qui l’on a demandé son approbation pour le projet de construction d’école, dont le coût est évalué à 43000 francs, se déclare »prêt à examiner le dossier dans le but de fixer la part contributive de l’Etat, mais si comme tout le laisse supposer il s’agit d’un projet réalisable à long terme il ne veut pas mobiliser des fonds qui sont très utiles et urgents ailleurs. » Le préfet en transmettant cette lettre en profite pour demander la date de mise à exécution vu les emprunts déjà engagés par  la commune. «Les prix actuels ne permettant d’effectuer le travail que dans des conditions trop onéreuses, le Conseil décide qu’il convient d’attendre des temps meilleurs mais demande instamment que M. le Ministre autorise au plus tôt l’expropriation de l’immeuble Gourdon qui a été demandé aussi par l’inspecteur d’Académie.»

Le coût de l'expropriation de l’immeuble Gourdon, et démolition enfin.

   Le 30 mars 1919, le maire présente les plans, devis et cahier des charges dressés par M. Poisot, architecte pour «l’expropriation, l’appropriation et la démolition de l’immeuble» la somme à prévoir est de 18000 francs, moins les subventions d’Etat et du département. Vernouillet renouvelle sa demande de déclaration d’utilité publique non obtenue à ce jour.

Le préfet répond que si la commune veut une réalisation immédiate du projet de démolition- construction, soumis actuellement à M. le Ministre, les dépenses d’expropriation de l’immeuble seront à charges exclusives de la mairie.

La commune considère qu'elle à fait de grands sacrifices pour l’instruction primaire par des subventions aux maîtres, par des subventions qui ont permis à la Caisse des écoles de donner à tous les élèves même pendant la guerre les fournitures gratuites et des soupes aux enfants des hameaux, qet par la mise à disposition des institutrices d'une maison confortable. Mais que par suite du projet de construction d’une salle de classe et de préaux; elle regrette d’être dans l’impossibilité de voter des fonds spéciaux pour cette expropriation et insiste pour avoir une subvention juste»

 Le 18 octobre 1920, M. Poussin, architecte à Meulan a établi plans et devis pour la démolition de la maison et la construction de «murs bahuts» avec grilles. Prix 28436 francs, c'est 10000 francs de plus que les prévisions, le conseil doit faire un nouvel emprunt de 20000 francs au Crédit Foncier de France sur 30 ans et doit regretter d'avoir attendu des temps meilleurs comme il le disait il y a un an.

L'adjudication des travaux pour la démolition de l’immeuble Gourdon aura lieu le 5 août 1921. Mais ce n'est que le 3 décembre 1922 que le  Conseil autorise «le paiement de la somme de 15120 frs au chanoine Gourdon pour l’acquisition de son immeuble.»

Le dernier obstacle est enfin levé et l'école va trouver avec les travaux qui vont suivre l'aspect que l'on peut voir sur cette photo.

Remise en état de l'école des garçons «Les Tilleuls»

   Le 13 juin 1933 un devis de réaménagement de l’école des garçons établi par MM. Bourgeois, architectes à Poissy,  se monte à  50560 francs et est accepté par les conseillers, mais les travaux sont ajournés.

Cinq plus tard, la facture s'est beaucoup alourdie,  elle est de 80850 francs. Ce sont des travaux importants puisque l’on reprend la maçonnerie (38000), la charpente et la menuiserie (12000), la couverture et la plomberie (5000), la serrurerie (1200), le chauffage (2400), les parquets sans joints (10900), la peinture (7500) et les honoraires 3850 francs. Ces travaux ont donnés à l’édifice l’aspect que l’on peut encore constater de nos jours, alors qu'avant une partie constituait la façade de la mairie.

La maison de l'instituteur, Place de Concha et Place de l'église

Installation de l’instituteur dans l’ancien presbytère et projet de nouvelle mairie

   Le 11 août 1907, M. le maire rappelle que par délibération du 24 février le Conseil a décidé d’affecter l’ancien presbytère au logement de l’instituteur. Depuis cette époque en vue d’examiner la possibilité d’y installer les services communaux, M. le maire a fait exécuter un avant projet de construction de mairie et d’installation du logement de l’instituteur au presbytère désaffecté. Le Conseil considérant «que le projet de mairie nécessite une dépense élevée décide de s’en tenir pour le moment à l’installation du logement de l’instituteur et demande à avoir un devis des dépenses à effectuer.»

Le logement de l’instituteur et la cour de récré des garçons.

   Le 18 juin 1905, le conseil décide de louer ferme la maison de M. Brenu occupée par l’instituteur et de démolir le logement ancien pour dégager la Mairie et agrandir la cour de l’école des garçons. Le 13 août le bail est signé pour trois ans pour une maison sise rue du Bout Large avec cuisine, salle à manger, deux chambres à l’étage, cave et grenier et une pièce de terrain de 3 ares sise terroir de Vernouillet lieu dit La Vallée à usage de jardin ( la loi a fixé que les instituteurs sont logés et bénéficie d’un jardin) Prix 300 francs par an payable en deux fois. Le 3 juillet 1906, l’inspecteur d'académie ne fait pas d’objections à la destruction du logement actuel de l’instituteur, mais demande que le projet de reconstruction d’un logement lui soit soumis. Le Conseil décide «d’ajourner la démolition dans ces conditions et autorise le maire à faire désinfecter le logement.»

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Travaux et achat de la maison Cognet, 2 rue de Poissy

   Le 9 juin 1912, une autorisation est donnée à M. Cognet de réaliser des travaux pour assainir le mur de sa maison qui jouxte la place publique voisine (place de l’église). «Etant donné que la place a été agrandie par acquisition (Usbrocq ou chéronnet) et qu’il est possible d’y édifier plus tard soit une mairie soit une école,» le conseil est d’avis favorable à toute amélioration concernant cette place.

 « Guingamp le 13 février 1918

Je consens à vendre ma propriété n°2 rue de Poissy à la commune pour un prix de 6000 francs plus 100f pour la pompe en cuivre, système Broquet posée dans le puits, plus 100 f pour le compteur à gaz et le réservoir d’eaux pluviales.»

Le 17 février 1918, le Conseil après visite de l’immeuble décide de l’acheter, considérant que l’emplacement de cet immeuble et de ses dépendances faisant suite au projet de la classe

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