Du 13 au 14 octobre 1939, une compagnie du bataillon d’instruction du dépôt de guerre du génie N°11 réside à Vernouillet.
3 chambres sont réquisitionnées au château, pour loger des officiers.
3 chambres sont réquisitionnées à l’hôtel Les Charmilles pour y loger deux sous-officiers.
L’immeuble Paris Bar, rue Aristide Briand est réquisitionné le 20 octobre 1939.
Chez M. Loncle, rue Aristide Briand, c’est un local pour 6 chevaux qui est réquisitionné.
Le 2 janvier 1940, un local pour stocker des vivres est réquisitionné chez Mme Bourdillon, au 15 rue Eugène Bourdillon. Un état daté du 2 janvier 1940 mentionne que dans la période du 1 au 31 décembre 1939, il y a eu 31 nuitées pour le lieutenant Lemonnier, logé chez Moreau, 47 rue Paul Doumer et 31 nuitées pour l’adjudant-chef Godot, logé chez Mme Martel, 19, rue Aristide Briand. M.Quinot, 3, rue de Breteuil a eu 2 chambres réquisitionnées pour loger un officier du 11e Génie du 3 février au 11 mars 1940.
On ne sait pas quelle était la mission de ce régiment du génie à Vernouillet pendant la “drôle de guerre“. La seule indication figurant dans les archives se trouve dans la lettre du Colonel Glaizot, propriétaire de la ferme de Marsinval, adressée à la mairie le 20 avril 1941 pour constitution du dossier des dommages causés par la troupe dans sa propriété mentionnée plus haut. Il s’agirait d’une tranchée de cent mètres de long et de 3 mètres de profondeur. Était–elle destinée à arrêter les chars allemands ? On peut supposer que cette tranchée était destinée au stockage des explosifs destinés à faire sauter le pont de Triel.
D’après deux témoignages, d’autres militaires français ont séjourné à Vernouillet.
“… Ils avaient de grands bérets et une tenue sombre. Il s’agissait probablement de chasseurs alpins qui revenaient de Narvik. 3 sous-officiers logeaient à la ferme Ernest Pottier... “. Les soldats étaient répartis dans les fermes de la rue Eugène Bourdillon, chez Bouffard, Pottier, dans la propriété Bourdillon, et, au clos Thonesse dans la ferme Dangueuger [1].
Les chasseurs alpins dans la ferme Pottier. (document Pharaboz)
Mai-juin 1940 : C’est la débâcle. L’armée française écrasée recule sur tous les fronts. Les Vernolitains ont peur et c’est l’exode. La plupart des habitants de Vernouillet quittent le village. Il n’y a plus de commerçants présents pour assurer le ravitaillement.
Le 9 juin 1940, l’armée française fait sauter le pont de Triel[2]. Les 10 et 11 juin 1940, les restes des 2èmes et 4ème DCR commandées par le général Delestraint traversent la Seine à Mantes, Meulan et Poissy et se regroupent à Rambouillet.
Quelques jours plus tard, les Allemands sont à Vernouillet.
Quatre wagons contenant 77.242 kg de fil de cuivre, expédiés par la société des Tréfileries et Laminoirs du Havre les 7 et 8 juin 1940 à destination de Pont de Cheruy dans l’Isère, sont bloqués et réquisitionnés par les Allemands en gare de Vernouillet.
Un incident survient le 17 août 1940[3].
Un certain Remy est vu par une estafette allemande tenant un fusil à la main. Prévenu de ce fait, un officier fit rassembler Monsieur l'abbé Mercier, curé de Vernouillet, et deux conseillers municipaux, messieurs Marius Decaris et Pottier. Il les fit ranger contre un mur à l'entrée du Clos Thonesse et se disposait à les faire fusiller. Sur ces entrefaits, Monsieur Castelli, arguant de sa nationalité italienne, affirma à l'officier que ces hommes-là étaient entièrement innocents et étrangers aux faits incriminés, que l'homme vu avec un fusil à la main était un fou, et que l'on ne savait pas ce qu'il était devenu. L'officier fit relâcher les trois hommes. Quelques jours après, Monsieur l'abbé Mercier remit à M. Castelli un certificat dont nous donnons ci-après la copie. À M. Castelli, disant que c'était inutile, qu'il n'avait fait que son devoir, M. l'abbé Mercier répondit que ce papier pourrait lui servir un jour.
D’après un autre témoignage, ce serait M. Ernest Pottier, conseiller municipal qui serait intervenu auprès de l’officier allemand qui parlait très bien le français.
Dans la précipitation de la débâcle, la population fuit. C’est l’exode. Elle revient progressivement à Vernouillet après l’Armistice. Dans un rapport du 4 juillet 1941 intitulé “Rapport sur la façon dont fut assuré le Ravitaillement Communal après l’exode de juin 1940“, adressé par le maire à la Préfecture, on peut lire :
“…Mobilisé en août 1939, j’avais demandé à M. Decaris et obtenu de la Préfecture qu’il suppléat dans les fonctions de maire
Resté dans la commune en juin 1940 avec Monsieur Pottier Lucien, adjoint, Pottier Ernest, conseiller municipal, M. Decaris eut à prévoir le ravitaillement quotidien de la population restée dans ses foyers.
Il existait, garé sur une voie de triage de la gare de Vernouillet-Verneuil, un train de ravitaillement militaire…Une délégation municipale obtint…l’autorisation d’opérer les prélèvements en vivres nécessaires pour assurer le ravitaillement des personnes, de jour en jour plus nombreuses qui regagnaient leur domicile…Les denrées prélevées par les soins de la Commune de Vernouillet furent entreposées dans un local communal, et distribuées gratuitement à la population, jusqu’à leur épuisement…“
Le train en question étant militaire, les autorités allemandes en réclament la propriété comme “prise de guerre“ À défaut de retrouver les denrées, les allemands demandent le paiement d’une indemnité de 129 256,30 fr. correspondant à la valeur de la marchandise suivant un inventaire très précis.
Il nous a paru intéressant de reproduire cette liste
Traduction :
880 pains de 1kg à 3,15fr. /pièce fr. 2.772.
6700 boites de sardines à l’huile 1/8 à 3,25fr. La boite fr. 21.775
400kg de haricots 8 sacs de café de 60kg à 10fr. le kg fr. 4.000
8 sacs de de 60kg de café soit 480kg à 36,20 fr. /kg fr. 13.376
350 kg de fromage de Gruyère à 25 fr. le kg fr. 8.750
260 kg de lard salé à 28 fr. le kg fr. 7.280
77 kg de jambon en boite à 56 fr. le kg fr. 4.312
5.060 litres de vin rouge à 3 fr. le litre fr. 15.180
180 litres d’huile d’olive (arachide) à 14fr. le litre fr. 2.520
203 boites de 1kg de petits pois à 6 fr. la boite fr. 1.218
200 kg de lentilles à 7,75 fr.s le kg fr. 1.550
400 kg de chocolat à 19fr. le kg fr. 7.500
155 kg de confiture à 16 fr. le kg fr. 2.480
37 kg de graisse végétale à 12 fr. le kg fr. 444
290 kg de graisse (saindoux de porc) à 24 fr. le kg fr. 6.860
200 boites de 500g de viande de bœuf à 9 fr. la boite fr. 1.800
550 boites de 100g de paté de foie à 6 fr. la boite fr. 3.300
350 kg de sucre à 6 fr. le kg fr. 2.100
100 kg de sel à 2,20 fr. le kg fr. 220
50 litres de vinaigre à 2,80 fr. le litre fr. 140
650 kg de pâtes (nouilles, maccaronis etc…) à 7,50 fr. le kg fr. 4.875
150 kg de riz à 11 fr. le kg fr. 1.650
12,5 kg de poivre à 30 fr. le kg fr. 375
100 kg pois chiches à 7 fr. le kg fr. 700
453 paquets de tabac des armées à 1,50 fr. le paquet fr. 724,80
40 kg de pruneaux à 7 fr. le kg fr. 280
175 kg de dattes à 20 fr. le kg fr. 3.500
175 kg de figues à 8,20 fr. le kg fr. 1.435
123 kg de savon à 6,50 le kg fr. 799,50
2400 kg d’avoine à 135 fr. le kg fr. 3.240
______________
Total : fr. 129 256,30
Liste établie par l’autorité militaire allemande.
Ce train providentiel a permis aux Vernolitains de manger dans cette période particulièrement difficile où les commerçants étant tous partis, la population ne savait pas où se ravitailler. Le document donne un aperçu de ce que l’intendance militaire française prévoyait pour nourrir ses soldats et les prix de denrées à l’époque. Pour ne pas avoir d’ennuis, la préfecture a payé à l’armée allemande la somme demandée.
L’occupation à Vernouillet
Les archives de la Mairie de Vernouillet conservent un certain nombre de documents concernant l’hébergement des troupes d’occupation et leurs relations avec la population. L’occupation commence véritablement en juillet 1940.
L’examen des numéros des secteurs postaux figurant sur les tampons et les références des documents officiels et correspondances conservés aux archives municipales, nous apprend que les unités allemandes suivantes ont séjourné à Vernouillet.
Feldpost nummer : 25345
-bew.lierblut_ Unters.St.562 qui devient à une date indéterminée
Veterinär.Unters.St 562
Il s’agit de l’État major (Stab) d’une unité vétérinaire
Feldpostnummer 03069 :
Landschutzbataillon IV/II (1ère Compagnie du Landesschützenbataillon IV/II)
Unité territoriale d’infanterie créée le 26 août 1939 à Belgard, près de Stettin, Wehrkreis 2. Cette unité devient le 1/Ldschtz.Btl.254. Elle est integrée à la 406° Infanteriedivision basée à Bonn, Wehrkreis 6.
C’est sous cette appellation qu’elle séjourne à Vernouillet de juillet 1940 à avril 1941, date à laquelle elle rejoint l’Allemagne pour remplacer des troupes combattantes devant participer à Barbarossa (Invasion de la Russie). Elle reste en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre. En 1943 elle est à Mönchengladbach. Elle est dissoute à Botropp en mai 1945.
Il y a aussi des cheminots allemands chargé de la surveillance de la gare de triage.
Epaulettes et insignes d’Oberwachtmeister (adjudant-chef) des unités vétérinaires allemandes. Le fer à cheval indique la spécialité de maréchal-ferrand (collection particulière).
Photo d’un cheminot allemand, des épaulettes et des insignes qu’il portait
(Collection particulière).
Plaque d’identité d’un soldat ayant appartenu au Landesschutzenbataillon IV/II qui a été stationné à Vernouillet. (collection particulière)
Epaulettes d’homme de troupe, de sous-officier, et insignes du Landesschutzbataillon 254 qui a séjourné à Vernouillet. L‘insigne avec l’éclair porté sur la manche gauche est celui des transmetteurs radio. L’insigne métallique, porté sur la poche gauche de la vareuse, est une décoration (Infanteriesturmabzeichen récompensant la valeur des fantassins. (collection particulière)
Les maisons occupées par l’armée allemande, totalement ou partiellement, se situent dans la rue Henri Derain (4), la rue Jean Jaurès (5), la rue Eugène Bourdillon (3) la rue Maurice Berteaux (4) la rue Girardin (1, villa Ombrosa) la rue de la Gare (2) la rue Hottot (1), le château (11 chambres) et les Charmilles (8 chambres réquisitionnées). Il est mentionné que 11 maisons sont occupées en totalité. Il s’agit de résidences secondaires de Parisiens, comme la villa Beauchamps, rue Maurice Berteaux, désertée par ses propriétaires israélites ou la maison Dorian au 22 bis rue Jean Jaurès (actuellement 30, rue Jean Jaurès) où s’installe l’Ortskommandantur. Cette maison est occupée par les Allemands du 26 juillet 1940 jusqu’en avril 44. Elle est occupée ensuite par des prisonniers Sénégalais jusqu’au 31 octobre 1944. Mlle Droin, propriétaire du château déclare qu’elle a hébergé près de 60 soldats et autant de chevaux.
Le 20 septembre 1940, un accident est provoqué par une voiture allemande. Il est rapporté dans un rapport du 20 décembre 1941 archivé en mairie :
“…L’an 1940, le 20 septembre, vers 14 heures, je me suis rendu rue Aristide Briand N°1, à la sortie du débit de tabac de monsieur Martinet, et j’ai trouvé dans le ruisseau, monsieur Raphalen Corantin, né le 8 octobre 1886 à Plovan (Finistère), domicilié rue Paul Doumer, n°4 à Vernouillet, retraité de la S.N.C.F.
Ce monsieur gisait sous la voiture allemande WH 201272 appartenant à la formation séjournant à Vernouillet.
La voiture avait cueilli Monsieur RAPHALEN sur le trottoir sortant du tabac Martinet, et l’avait trainé pendant environ 10 mètres. Le véhicule automobile était conduit par un soldat allemand, novice dans la conduite des véhicules et venait de la direction de la rue Eugène Bourdillon, avait heurté le trottoir de la rue Aristide Briand près de l’entrée de la maison habitée par M. Renaud (volet arraché).
Un brusque coup de volant avait rejeté le véhicule sur la partie gauche de la chaussée, et l’aile gauche avait frotté longuement le long du mur du débit Martinet, avant de projeter Monsieur Raphalen sous les roues du dit véhicule.
Monsieur Raphalen, sans connaissances, a été transporté d’urgence par un camion des autorités occupantes à l’hôpital de Saint Germain après avoir reçu les premiers soins du Docteur Capel…“.
Dans les mois qui suivent, il y a des mouvements de troupes, à en juger par les états (Quartierliste) de septembre et d’octobre 1940 établis par les Allemands.
En septembre, il est mentionné une garnison composée de 3 officiers (2 logés au château et 1 chez Hadamar, rue de la Gare) 1 “Oberwachtmeister“ (adjudant-chef) 11 “Wachtmeister“ (adjudants), 27 sous-officiers et 174 hommes du rang. Sur la liste d’octobre 1940, ne figure plus aucun officier, 3 “Oberwachtmeister“, 12 “Wachtmeister“, 26 sous-officiers et 169 hommes du rang.
D’après les documents établis pour les indemnisations, il apparaît que la plupart des maisons occupées ont été libérées en avril 1941. Concernant l’occupation de l’hôtel-restaurant, Les Charmilles, il est précisé que 8 chambres ont été occupées du 26 juillet 1940 au 4 avril 1941 et 10 chambres du 19 avril 1944 au 21 août 1944. Pendant la période intermédiaire, les chambres étaient réquisitionnées sans être occupées.
Les cheminots allemands et les gardes-voies.
Des cheminots allemands sont hébergés à Vernouillet. Ils appartenaient à la Reichsbahn (équivalent allemand de la SNCF), portaient des uniformes et dépendaient de l’autorité militaire. Ils occupent la maison en face de l’ancienne gare et la maison de M. Constant au 23, rue Jean Jaurès. Cette maison a été occupée par ces cheminots du 26 juillet 1940 au 4 avril 1941, puis du 1er avril au 10juin 1942, enfin du 1er avril 1943 au 8 mars 1944. Il existe dans les archives de la mairie, un bon de réquisition de bois daté du 24 novembre 1943 fourni par M. Godet. Ce bois est destiné à l’occultation des lumières des immeubles occupés par le chemin de fer allemand. Il est également prévu du bois de chauffage pour les gardes-voies.
Les activités de la gare de triage devaient être d’une certaine importance car le service des garde voies, institué dès 1941 mobilise de nombreuses personnes. Les garde voies sont gérées par les “Lignes de Communication, groupe Paris Ouest 2e section canton 22 “ basé à Villennes. J’ai relevé 161 noms sur les listes figurant dans les documents gardés aux archives de la mairie. Dans plusieurs courriers, les responsables de l’organisation insistent sur le nombre de gardes à Vernouillet et sur les difficultés de recrutement. L’effectif jugé nécessaire de 55 personnes n’est jamais au complet. La première liste couvre la période du 16 février au 31 octobre 1941. Le service se poursuit sans interruption jusqu’au 29 novembre 1944, alors que Vernouillet est libéré depuis le 26 août ! Plusieurs courriers d’industriels demandent l’exonération du service des garde-voies pour leur personnel (Polliet Chausson, Marcellini…).
Les garde-voies français occupaient, sous haute surveillance, la proprieté appartenant actuellement à l’entreprise Bonaldy abandonnée en 1940 par son propriétaire, M. Salimon Kalker, industriel israélite.
Un retraité anglais, M. Norris, démuni de ses ressources qui n’arrivaient plus d’Angleterre, fut embauché comme garde-voie.
Sur ce document, on note que la gare de Vernouillet-Verneuil est désignée comme “gare de surveillance“ par les cheminots allemands (probablement mauvaise traduction de “Bahnschutz“, unité de protection du chemin de fer).
Pour se rendre à une réunion amicale le 24 décembre 1942, un cheminot avait emprunté “ pour raison de service“ la bicyclette de Mlle Mireille Lebas demeurant rue Girardin. Pendant la fête, la roue avant de la bicyclette a été volée. Le chef de gare des services allemands, soucieux de réparer le préjudice écrit à la mairie pour réparer l’incident. (Document page page précédente)
Pour les soldats d’occupation en région parisienne, l’armée allemande avait édité un guide touristique de la région que nous reproduisons :
Guide de Paris et de sa région à l’usage de l’armée allemande d’occupation. À la page 24, Vernouillet est mentionné en ces termes :
Poissy une petite ville sur la rive gauche de la Seine avec une église Notre Dame du 15eme siècle et une statue en bronze du peintre Meissonnier. Après Poissy se trouvent de jolis lieux d’excursion comme Villennes, Vernouillet, Les Mureaux et Meulan.
Les gardes-messiers ou garde-meules.
Ce service institué dès 1941 est destiné à la surveillance des récoltes et du matériel de battage. Il mobilise 10 personnes par jour en plusieurs tours de garde. En 1943, il y avait 3 tours de garde de 8 heures.
Un incident survient entre les garde messiers et des campeurs le 7 juin 1942, M. Robert Tréheux et Louis Bouffard qui assurent le service verbalisent des campeurs qui ont installé leurs tentes dans les champs. Ils leur infligent une amende de 300 fr. et à d’autres, pour les même raisons, une amende de 200 fr.
Une plainte est déposée par les campeurs contre M.Bouffard et M.Tréheux, les accusant de s’être approprié l’argent prélevé. Une lettre est envoyée au maire par la préfecture le 27 juillet 1942 demandant des renseignements sur l’affaire.
Dans la réponse adressée le 30 juillet 1942, le maire de Vernouillet précise que les campeurs avaient rendu “irrécoltable « une surface d’environ 5 ares plantée de trèfle, qu’ils avaient fait un feu, et que “…le foin, foulé au pied ne puvait être coupé…“ . Le champ appartenait à Louis Fouque et la récolte avait été vendue sur pieds à M. Bouffard, celui qui a verbalisé. Le maire déclare que M. Bouffard, lésé, avait perçu la somme de 300 fr. à titre de dédommagement des dégâts causés. La deuxième amende de 200 fr. a été versée intégralement à M. le trésorier du Secours National. Le Maire précise : “…J’ajoute que les deux gardes-messiers sont extrêmement zélés, et peut-être un tantinet sévères.
À aucun moment, il n’a pu être relevé quoi que ce soit contre eux, et leur probité et leur désintéressement sont au dessus de tout soupçon.
Je comprends également fort bien leur état d’esprit actuel, car notre commune, ou plutôt la partie basse, à proximité de la Seine, est fréquentée par des campeurs (et ceci malgré l’interdiction formelle des autorités d’occupations), et comme telle sert aux ébats, et même contribue au ravitaillement de certains d’entre eux, parmi les moins gênés.
Personnellement, j’inclinerais à la mansuétude envers leur égard (je parle en ce moment de Messieurs Tréheux et Bouffard) car le travail de surveillance auxquels ils s’astreignent bénévolement est suffisamment rebutant pour ne pas les décourager en leur infligeant un blâme, et d’autre part, se révèle suffisamment efficace dans la répression du maraudage…“
Le maraudage ! Qui ne se souvient qu’à cette époque où le ravitaillement était un vrai problème, de nombreux enfants pratiquaient la maraude des fruits dans les vergers.
Après le départ des troupes allemandes en avril 1941, les propriétaires des maisons occupées ont fait un inventaire de mobiliers et objets disparus. Les listes sont longues. Pour certaines maisons, il est même précisé que la maison a été pillée sans être occupée. Ce documents donnent aussi des précisions sur le comportement des soldats d’occupation (serrures fracturées, vols, caves vidées de leurs bouteilles etc…).
Une lettre du maire à l’Officier commandant de la Kommandantur, datée du 24 décembre 1940, relate un incident avec les troupes stationnées à Vernouillet :
“...Monsieur l’officier,
J’ai le regret de porter à votre connaissance que certains soldats de la formation N°. cantonnée dans la commune de Vernouillet, ont détruit dans la soirée du vendredi 20 courant, la balustrade qui entoure le terrain de sport municipal. Ils l ‘ont emportée pour la brûler, bien que je n’ai pas hésité à leur faire livrer 12 stères de bois de chauffage (qui n’est pas encore payé d’ailleurs).
D’autre part, deux sous-officiers pris de boisson, ont dans la soirée du dimanche 22 décembre, fait irruption dans le café Muhlemann à 22 heures 5 minutes [4]et ont menacé de leur revolver[5] le patron. Ce ne sont pas des plaisanteries à faire.
Enfin, ce matin à 8h.30 un camion des mêmes formations a tellement heurté le mur d’angle du café Allain qu’il en a fait ébouler une partie et compromis la solidité de l’immeuble.
Tous les commerçants se plaignent que les soldats profitent de leur inattention pour voler.
Je vous serais obligé, monsieur l’Officier, de bien vouloir rappeler à vos troupes les propos du Chancelier Hitler : “ C’est s’honorer soi-même que d’honorer le vaincu“. Et faites en sorte que nous vivions en aussi bonne intelligence avec ces formations qu’avec les formations précédentes dont la population a gardé un très bon souvenir.
Le Maire…“.
Il y a donc eu, dès 1940 un changement dans les troupes d’occupation.
Deux lettres adressées au Maire le 20 avril 1941 et le 24 avril 1942 par le Colonel Glaizot, propriétaire de la ferme de Marsinval, dans le cadre des demandes d’indemnités suite à l’occupation, rapporte des faits similaires :
Lettre d’avril 1941 :
“…1° L’armée française (troupe du génie) a exécuté en juin 1940 dans le bois n°1356 du cadastre, le long et à quelques mètres en arrière de la lisière nord, une tranchée d’une centaine de mètres de longueur, profonde de trois mètres et qui nécessitera un gros travail de comblement.
2° L’armée allemande d’occupation a manœuvré constamment et pendant de longs mois sur les terres de ma ferme de Marsinval, faisant l’exercice dans les terres labourées, tirant à obus dans les champs semés de blé, creusant en plein milieu des récoltes des tranchées et des trous de sentinelles, installant des réseaux de fil barbelé et saccageant toutes les clôtures des champs, causant ainsi de grands préjudices…
3° Je ne signale que pour mémoire les vols de lapins commis chez mon fermier et de certains objets commis dans mon domicile lors de mes absences…“.
Lettre d’avril 1942 :
“…1° La barrière d’entrée a été à moitié démolie par le passage par escalade des soldats allemands : elle ne tient plus que par des ligatures de fil de fer et son remplacement qui s’impose nécessitera une dépense de 4000 fr. au bas mot.
2° La porte d’entrée de la cuisine a été enfoncée par deux fois par des soldats allemands qui ont ainsi fait sauter la serrure, le verrou et le panneau inférieur de la porte. J’ai constaté le premier cambriolage le 25 février 1941et ai trouvé deux soldats allemands en train de fouiller les tiroirs des commodes au 1er étage. Je les ai fait vivement sortir et ai remis provisoirement en place la serrure et le panneau du bas qui avait été arraché. Cette porte a été cambriolée une deuxième fois, la nuit, alors que j’étais absent : elle demande à être remplacée car les planches sorties de leur feuillure n’offrent plus qu’une fermeture morale. J’estime cette dépense à 1 000fr environ…“.
Dès son installation à Vernouillet et dans la région, l’armée allemande recense tout ce qui peut leur être utile. Un questionnaire est envoyé aux Mairies qui doivent indiquer toutes les caractéristiques de leur commune : nombre d’habitants, de personnes employées à l’agriculture, de voitures automobiles, etc…
Ce questionnaire retrouvé dans les archives donne des indications intéressantes sur la situation de Vernouillet à cette époque. Celles concernant l’agriculture figurent au chapitre de l’évolution foncière.
Pour se déplacer les personnes doivent demander un “ausweis“ (laissez-passer). Tous les véhicules sont recensés. Un arrêté du 2 janvier 1941 institue l’immatriculation des cycles avec ou sans moteur. À Vernouillet, le parc automobile se compose de 77 voitures, 6 camions, et 12 motos. La liste complète avec les noms des propriétaires, la marque et la puissance des véhicules est transmise à la Kommandantur.
Un “journal officiel“ de l’armée d’occupation existe dès fin 1940 et a force de loi.
Concernant la circulation des automobiles, celle-ci est soumise à autorisation de circuler, nommée SP (service public) et réservée à un nombre limité de propriétaires remplissant un rôle d’utilité publique (mairie, médecins..). Ceux-ci, et seulement eux peuvent obtenir des bons d’essence.
13 voitures, 3 camions et 2 motos sont munis de SP. L’attribution de ces SP est régulièrement soumise à des mesures restrictives. Ainsi la Préfecture décrète, pour raison d’économie, de ne plus donner de SP aux véhicules antérieurs à 1931.
Cette mesure frappe un des camions de l’entreprise Clédat. Un autre décret, allant dans le même sens, décide de ne plus accorder de SP aux voitures de plus de 12 CV. Cette mesure frappe Roger Duffau, le pharmacien, qui possède une Hotchkiss de 13cv. Un véhicule à gazogène est recensé. Il appartient à M. Surgis, rue Aristide Briand.
Journal officiel des autorités militaires allemandes en France du 30 novembre 1940.
A partir de 1941, les circulaires se multiplient et deviennent de plus en plus contraignantes.
De nombreux textes concernent les Juifs. Il leur est interdit d’être sapeur pompier, ils doivent être recensés, avoir la mention “juif“ sur leurs papiers d’identité et déposer leur poste de TSF à la Mairie,...
Document concernant le dépôt des postes de TSF appartenant à des Juifs.
Une circulaire du 6 août interdit la Marseillaise :
“…Le gouverneur militaire en France a décidé que lors de manifestations publiques, la Marseillaise ne pourrait être ni jouée, ni chantée… “.
Une autre circulaire préfectorale du 18 décembre 1941 parle de la “ Campagne de loyauté“
“…Campagne de Loyauté
Le Maréchal, dans son message du 13 octobre, a demandé aux écoliers de faire un effort pour être fr. et loyaux. Il a terminé ce message par la phrase : “essayez, tenez-moi au courant de vos efforts…“.
En réponse à cette phrase, M. le Secrétaire d’Etat à l’Éducation Nationale suggère aux enfants d’écrire au Maréchal pour lui dire comment ils ont appliqué ses directives…“
Je me souviens, qu’étant à l’époque au Cours élémentaire de l’école de Gaillard, (Hte Savoie), l’instituteur nous avait fait tous écrire une lettre au Maréchal qui m’a d’ailleurs adressé une réponse. Mes parents n’appréciaient pas du tout le Maréchal, mais ils ne se sont pas opposés à ce que je garde cette lettre.
La réponse du Maréchal.
À Vernouillet, nous trouvons dans les archives une seule lettre adressée par le secrétaire de mairie à M. Merriak, rue Albert Labrousse, lui demandant de déposer son poste TSF. Une mention “ n’en possède pas“ d’une autre écriture, figure sur le document et le maire, Georges Bourdillon renvoie le formulaire à la Préfecture avec la mention “Etat néant“.
Il y avait, à Vernouillet plusieurs propriétés appartenant à des israélites parisiens, comme la villa Beauchamps. Certains membres de ces familles ont été déportés et sont morts en Allemagne, mais aucun de ceux qui restèrent à Vernouillet ne fut arrêté. Ainsi la famille Pasternack, père mère et fille étaient fourreurs à Paris. Ils furent hébergés à Vernouillet à la maison Coquelin, rue Eugène Bourdillon. Ils reprirent leur commerce parisien après la libération. Monsieur Miniack qui était gérant d'une chapellerie, rue du Havre à Paris habitait le "Petit Chalet", rue Maurice Berteaux. La famille, père, mère, fille avec un petit-neveu dont les parents (Bernstein) avaient été déportés est restée à Vernouillet pendant toute l'occupation, aidée de près par le maire Georges Bourdillon qui, pour leur permettre de survivre, leur a procuré, comme à plusieurs réfractaires et clandestins, des "fausses vraies" cartes d'identité et d'alimentation
Après le départ des Allemands le 4 avril 1941, la préfecture demande aux maires de lui faire parvenir un état des dommages causés par l’occupant. Des demandes sont établies par les propriétaires concernés et remises en mairie.
Le 30 août 1941, le maire envoie à la Préfecture 40 dossiers, comprenant des listes d’objets disparus, des états de réparations à effectuer, des constats faits par des huissiers.
L’instauration du S.T.O., service du travail obligatoire en Allemagne est très mal accueillie et dans la mesure du possible, les appelés à ce service chercheront à échapper au départ. Nombreux sont ceux qui iront grossir les rangs des Résistants dans les maquis.
Carte de travail du STO. (collection particulière)
Charles Guillon qui a réussi à échapper à ce service grâce à l’aide de deux Vernolitains, Georges et Andrée Huron, raconte son aventure dans une longue lettre qu’il leur a adressée après la guerre, qui constitue un document intéressant. Ouvrier forgeron-maréchal à Crosnières dans la Sarthe, il a été appelé au STO en novembre 1942. Il décide de ne pas répondre à l’appel et part en vélo à Étriché où il se réfugie chez des cousins. Au bout de 15 jours, un télégramme arrive chez sa mère lui ordonnant de se présenter à la gare d’Angers, sous peine de poursuites. Il se rend à Angers en ayant eu soin de cacher dans la doublure de son manteau une carte de France pour s’orienter, car il avait la ferme intention de prendre le large à la première occasion.
Et c’est le départ : “ … Après avoir reçu, en gare, une somme de 1.000 fr., une paire de brodequins et un fromage, nous voilà, à 6 dans notre compartiment, à destination de l’Allemagne…. “.Après le Mans, ce fut la rencontre Georges et Andrée Huron : “…Elle nous a déclaré que son mari, prisonnier, était rentré depuis peu et qu’il n’était pas costaud…Nous avons parlé des prisonniers, de ceux qui partaient travailler en Allemagne, c’est à dire de nous…La dame me dit : « Cela vous plait de partir en Allemagne ? ». Je lui réponds « sûr que non et je ne suis pas rendu car j’attends le bon moment pour essayer de filer. Mais je ne connais rien. On va arriver à Paris de nuit. Il faut que je descende avant qu’ils nous ramassent car ils vont certainement nous rassembler et garder à vue pour éviter les fuites » Alors la dame a commencé à regarder son mari et tout à coup, elle lui dit : »Georges, qu’est ce qu’on fait ? » . Je ne comprenais pas grand chose, mais de la façon dont ils me regardaient, je comprenais qu’ils envisageaient quelque chose pour moi. La conversation est alors repartie. Ils m’ont demandé ce que j ‘avais apporté. Après leur avoir énuméré toutes mes richesses, ils me déclarèrent que j’étais trop chargé, car le chemin à faire à pied était long si je devais les suivre. Pardi, c’est sûr que je voulais les suivre. Alors, pour alléger mon panier, j’ai donné aux copains les 2 litres de vin, mon poulet et mon pain. Le temps passait, le train roulait et approchait de Paris. La dame blonde, Andrée, m’expliqua que je sortirai du train entre eux deux, que je ne dirais surtout rien et que je présenterais mon billet au contrôleur, car j’avais un vrai billet, celui de Madame Andrée et au cas où il y aurait quelque chose à Montparnasse, j’expliquerais le cas ayant mis le billet au milieu des nôtres en passant je vous ai dit, il faut se presser pour Saint Lazare car tous les ponts sont sautés, nous sommes obligés de passer par Triel alors faites vite, l’homme ne regarde même pas les billets il avait entendu ce que je venais de dire. Mais nous avions la chance avec nous : pas de soldat allemand, peut-être en civil mais il n’y avait pas grand monde dans la salle d’attente extérieure. Nous voilà arrivés à Paris. Après avoir dit au revoir aux copains qui somnolaient sur les banquettes, nous sommes descendus au milieu d’une foule, composée en majeure partie de gens partant ou revenant du ravitaillement en province. Je ne perdais pas mes amis d’une semelle et, comme prévu, nous passons la porte, Andrée devant disant bien fort « Trois Montparnasse ». Elle tend son faux ticket, mais comme il faisait brun, cela ne se voit pas. Nous voilà sur le quai…après avoir marché, changé de gare nous voici à nouveau dans le train…“.
Ils descendent à Triel, traversent la Seine sur le bateau d’un certain Marcel, non sans inquiétude, et arrivent enfin à la maison après être passé par la rue Jean Jaurès et la rue Aristide Briand. Ils sont accueillis par Madame Pottier, la mère d’Andrée Huron : “… Mais en me voyant, elle recule un peu. Andrée, de suite, lui dit : « N’aie pas peur, il partait pour l’Allemagne et nous l’avons amené »Alors, en me regardant, la vieille femme répondit : « Vous avez bien fait ça fait encore un de plus… “.
Le récit continue. Après avoir passé la nuit, Charles Guillon se sent bien :“…Vraiment je me sentais très bien. La conversation s’était engagée et c’est alors que j’appris qu’ils avaient déjà caché pas mal de gars comme moi et même des évadés d ‘Allemagne. Tout à coup, un homme assez fort, moustachu, entre « Tiens, voilà Papa, »dit Andrée. Ce dernier faisait fonction de Maire à Vernouillet et s’occupait beaucoup de camouflage. Il risquait gros, ce brave homme qui savait ce dont il parlait et en imposait…“.
L’homme est Louis Pottier. Charles Guillon ne resta pas longtemps à Vernouillet. Il partit le surlendemain de son arrivée et après un périple à travers la France il rentre chez lui dans la Sarthe. Son témoignage permet de se replacer dans l’ambiance de cette époque tendue.
En 1942, l'autorité allemande prescrivit une revue générale des chevaux en vue de les acheter.
"… Tous les chevaux, âgés de 4 à 15 ans inclus, à l'exception des étalons, purs sangs chevaux entiers et juments visiblement pleines, devront obligatoirement êtres présentés à la revue, l'autorité allemande étant seule juge de l'opportunité d'achat. Menace des sanctions les plus sévères; aucune excuse admise; les propriétaires doivent prendre la route par leurs propres moyens et en temps utile pour arriver à l'heure prescrite (à Versailles à 9 heures du matin), chaque animal nettoyé et pourvu d'un licol et d'une rêne d'attache ou d'une corde. Les chevaux présentés en mauvais état, quoique aptes sont moins payés à leur propriétaire …". [6]
En 1942, avec l’entrée de guerre de l’Allemagne contre l’URSS, la propagande s’oriente contre les communistes. Des tracts sont régulièrement distribués.
Exemple de tract de propagande antibolchévique daté du 25 août 1942.
À Vernouillet, le 30 avril 1942, l’armée allemande envoie une demande de matériel de cuisine divers (couteaux, planche à hacher etc..) pour l’hébergement d’une nouvelle unité repérée sous le Feldpostnummer N° 22.956. D’après les recherches effectuées par M. Franck Bachmann, c’était la 1ère batterie du 76eme régiment d’artillerie (1.Battr.AR.76) qui correspondait en 1941 à ce code. A une date inconnue cette batterie change de Feldpostnummer et se voit attribuer le N°15.683B. L’ancien Feldpostnummer est réattribué fin 1942 à la 4ème compagnie du 597e escadron du train (A./Kraft.Abt.597), ce, jusqu’en décembre 1943. Laquelle de ces deux unités était à Vernouillet en 1942 ?
À partir de 1942, Vernouillet et sa région connaissent des bombardements aériens : les objectifs sont la gare de triage, l'usine SCAN des Mureaux[7] et l'usine Ford de Poissy...
Un témoin se souvient du bruit assourdissant des forteresses volantes et d'avoir joué avec les serpentins en aluminium lâchés par les avions[8].
Casquette et insigne d’aviateur américain. Sa forme cassée (crushed hat) indique un vétéran ayant effectué plus de 50 missions à l’ennemi.
Les douilles et cartouches de calibre 50 (12,7mm) ont été trouvées à Vernouillet dans les débris d’un avion américain abattu. (Collection particulière)
Un autre rapporte avoir récupéré de nombreux réservoirs supplémentaires largués par les avions.
Le 8 mars 1942, vers 16h.30, 7 à 8 chasseurs bombardiers britanniques attaquent les usines Ford de Poissy en rase motte détruisant la chaîne de montage. Elles seront à nouveau bombardées de nuit les 2 et 3 avril 1942. Le 2 avril, un avion anglais Blenheim s'écrase à Triel près de l'espace Senet.
À partir de 1943, les bombardements deviennent plus fréquents :
Le 26 juin 1943, 13 bombes tombent sur Pissefontaine, à Triel
Le matin du 3 septembre, la RAF bombarde l'usine SCAN des Mureaux.
Le 2 février 1944 3 avions anglais bombardent le terrain d'aviation des Mureaux.
En 1944 les Allemands reviennent pour une nouvelle occupation. Il s’agit du Sicherungsregiment 6 (Régiment de Sécurité) commandé par le colonel GARBSCH dont l’État-major (Stab) passe de Conflans à Bures en mai 1944. Il s’agit là encore d’une unité territoriale d’infanterie. L’appellation “LandessschützenAbteilung“ a en effet été modifiée en “Sicherungsregiment“ fin 1943 pour toutes les unités territoriales. Ce régiment est ensuite envoyé au front à Chartres où il subit de lourdes pertes.
La gare, point stratégique, est l’objet d’une grande attention de leur part. Les garde voies et d’autres personnes sont réquisitionnés pour assurer la réparation des dégats causés aux voies. Dans une directive de la Feldkommandantur 758 datée du 12 juillet 1944, des instructions sont données dans ce sens. Il est indiqué que tous les hommes valides recensés à la mairie doivent être mobilisés pour cette tâche et l’importance de l’organisation d’un service rapide d’information. Celui-ci ne doit en aucun cas être effectué par les garde voies, mais à bicyclette par des enfants des écoles ou par des gardes meules qui ne doivent en aucun cas circuler seuls. La note précise qu’e l’on doit réquisitionner des vélos si nécessaire (!)
Le 3 mars, les aviateurs américains bombardent l'usine SCAN des Mureaux. Des bombes tombent à Triel rive gauche près du pont aux Chèvres, limite de Vernouillet et 27 bombes tombent sur Verneuil et Vernouillet.
Le 26 avril 1944, 3 bombes tombent à Verneuil et un chapelet de bombes à Vernouillet dans la zone de la Grosse Pierre, près de l'actuel Champion.
Des combats aériens ont lieu au-dessus du village. Un Focke Wulf 190, avion de chasse allemand est abattu au-dessus de Vernouillet le 13 mai 1944 par le lieutenant Bill Fisher du 377 Fighter Squadron. Le pilote du Focke Wulf, parachuté est mort. Un autre Focke Wulf 190 est abattu le 19 août au-dessus de Verneuil. [9] Un témoin rapporte qu'un aviateur allemand serait tombé à l'emplacement de l'actuel rond-point de l'Europe. Il pourrait s'agir du même que celui mentionné plus haut.
Le 28 mai 1944, une bombe tombe sur Vernouillet
Le 3 juin la gare de triage de Vernouillet est bombardée. Une maison est détruite à proximité de la gare.
Le même 3 juin un avion américain P38 Lightning s’écrase sur les serres du potager de la propriété des Buissons, appartenant à Mme Barbou.
Le 5 juin, la gare de triage est mitraillée.
Conséquence des bombardements, la voie est obstruée et en partie détruite. Un train transportant 397 bovins est bloqué en gare de Vernouillet. Ces animaux sont propriété de l’autorité allemande et doivent être acheminés vers la Villette. La Kommandantur donne l’ordre de procéder au déchargement des animaux et d’en assurer le parcage jusqu’à ce qu’ils puissent repartir. Les bêtes sont acheminées et parquées dans le parc du château, seul endroit du village pouvant accueillir un tel nombre de bêtes dans des conditions satisfaisantes. Au moment du réembarquement, 9 bêtes manquent à l’appel. On trouve dans le parc des carcasses. Le maire fait remarquer que le parc est entièrement clos et que ses seuls occupants, en dehors de Mlle Droin, la propriétaire, sont des troupes allemandes.
Le 6 juin 1944, un avion allemand est abattu au-dessus de Triel
Le 7 juin 1944, la gare de triage est à nouveau bombardée.
Devant la fréquence et l'intensité des bombardements, la population s'inquiète et s'organise. Des abris sont aménagés dans les caves et anciens souterrains.
Les prisonniers sénégalais
A la veille de la Libération, en juin 1944, des prisonniers sénégalais et Antillais sont à Vernouillet. Nous possédons à ce sujet le témoignage de l’un d’eux Alexandre Bonbois : [10]
“…Nous étions 100 prisonniers dont 96 Sénégalais et 4 Antillais : Charles Calabert, Pierre Palmier, Emmanuel Lubin et Alexandre Bonbois. 95 sénégalais travaillaient dans le camp d’aviation et le dernier était avec nous à la cuisine. Il s’appelait Diara…(le 6 juin) à 5 heures du matin, comme à mon habitude, j’allai chercher le café quand l’adjudant allemand me dit : « Alex, aujourd’hui nicht Arbeit ! Repos, on va partir »
Vers 14 heures, trois cars civils sont arrivés. Sur le toit de chacun, il y avait une grande croix rouge : transport des prisonniers, direction Chartres…Deux jours à Chartres, puis Mantes la Jolie et 3 jours encore à Rosny sur Seine, 3 jours de plus à Carrières sous Poissy. Le 28 juin nous arrivons à Vernouillet en Seine et Oise. Le même travail m’attendait : j’allais chez le boucher chercher la viande conservée dans le réfrigérateur, sortais seul pour la récupérer.
Le 18 août 1944, c’était un vendredi, vers 15heures, 3 camions sont arrivés débarquant des soldats allemands, armes à la bretelle. Après une discussion rapide avec l’adjudant, ils m’ordonnent d’aller au village chercher la viande. Nous nous étions mis d’accord, avec Calabert et Palmier sur un lieu de rendez-vous : rue Maurice Berteaux, une grande rue de plus de 200 mètres.
Je n’avais encore parcouru que quelques mètres, quand deux sentinelles m’ont encadré pour m’accompagner. Il me fallait trouver un prétexte pour retourner au camp. Je touchais mes poches. « J’ai oublié le papier pour retirer la viande ! ». Retour au camp, je peux en profiter pour prendre ma musette qui contenait toujours quelque chose en réserve. J’avais toujours l’idée de m’évader, mais je n’aurais jamais pu faire de la peine à ceux qui m’avaient aidé…Ce vendredi 18 août 1944, je décidai qu’il était préférable de laisser ses os sur le sol de France plutôt que de retourner en Allemagne.
Fermement décidé à m’évader, je me glisse dans le verger. Mon cœur reste bloqué : une sentinelle qui fait partie de notre camp est là ; « Alex, week krikk Nicht gut »[11] Grâce à Dieu, je retrouve mon courage, je saute le mur de 2 mètres 50 de haut qui sépare le camp et la propriété de Monsieur Georges Bourdillon, Maire de Vernouillet. Il avait donné ordre à sa femme de lâcher les chiens si des prisonniers traversaient son terrain. Geneviève et sa mère calment la fureur des chiens, mais malgré tout, la dame ordonne au chien de me mordre. Je fais marche arrière pour arriver sur la route, ma musette dans la gueule des chiens. Je suis désorienté, je me faufile dans un petit sentier; j’aperçois comme une blancheur : c’est le cimetière aux murs délabrés…Une autre route peu commerciale et un monsieur appuyé sur la porte de sa barrière. Nous nous saluons et il m’invite à entrer dans sa maison. Et quelle surprise, je retrouve mes deux copains Calabert et Palmier qui attendaient mon arrivée. Le propriétaire de la maison n’est autre que le maire adjoint de la commune de Vernouillet…“. C’était M. Louis Pottier dont nous avons déjà parlé plus haut. Grâce à M.Pottier, ces 7 rescapés camperont dans le bois de Marsinval où il les ravitaillait de nuit. Plus tard ils pourront descendre dans le village et s’installer dans une ferme inoccupée.
Les prisonniers et la famille Pottier.
Ce témoignage nous permet de situer le camp de prisonnier à la villa Beauchamp. Ceci est confirmé par un autre document.
Mais les conditions de vie du camp de prisonniers sont mauvaises. Dans une délibération du Conseil Municipal de Triel, du 11 juillet 1944, les coloniaux sont soignés par le docteur Lemesle qui a constaté que ceux-ci manquent de nourriture. La ville de Triel alloue au syndicat agricole une certaine somme pour l'obtention de légumes. Le syndicat est d’accord.
D'après un témoignage, le Dr. Lemesle passait la Seine à la nage en 1944 pour donner des informations aux Alliés.
Un autre témoin rapporte qu'une forteresse volante américaine, en difficulté a atterri dans un champ au-dessous de Brezolles. Les Allemands arrivaient rapidement sur les lieux. Heureusement l'équipage a été secouru par les paysans sur place. Une batteuse de l'entreprise Quenet de Chapet était en marche dans une ferme. Plusieurs aviateurs prirent un poste à la machine ce qui les a sauvés.[12]
D'après un autre témoin de Triel, suite à un combat aérien, 2 avions anglais ou canadiens sont tombés à Vernouillet : l'un rue Girardin et l'autre dans le parc des Buissons.[13]
Sur le terrain, l'avance des Américains progresse. Le 19 août, ils sont à Mantes et poussent un raid jusqu'à Flins. Le 20 août, ils sont à Orgeval et à Morainvilliers. Ce même 20 août, une moto allemande passant devant les Buissons est mitraillée par un tireur embusqué. Un des Allemands est tué sur le coup, l'autre se sauve. Le corps du soldat tué est enterré en hâte dans le parc, la route est nettoyée. Il n'y a pas eu de représailles. D'après le témoignage de Robert Cauchois, George Bourdillon le maire et lui-même auraient pris des dispositions "armées" pour éviter les représailles. [14]
Cet événement est relaté de manière un peu différente par André Le Bastard qui a tiré sur les Allemands et qui a donné un témoignage dans le bulletin municipal de Vernouillet de 1995. D'après lui, il faisait partie d'un groupe chargé d'empêcher les Allemands de détruire le pont de Triel. Le groupe embusqué près des Buissons aurait tiré sur la moto. L'un des deux Allemands aurait riposté mais les deux auraient été tués et enterrés dans le parc des Buissons. [15]
Nous avons le témoignage d'une habitante sur la présence des Allemands à Marsinval en 1944 qui avait 8 ans à l'époque :
"…J'ai mémoire d'un détachement allemand-soi disant SS qui a stationné plusieurs jours dans une ancienne sablière derrière le Domaine actuel. Ces gens faisaient régner la terreur dans le petit village de Marsinval. Chacun restait à sa ferme délaissant les champs pour tenir compagnie à sa famille, essayant de communiquer le plus discrètement possible avec le voisin. Plusieurs fois par jour, choisissant une ferme, les Allemands venaient dans les maisons, s'introduisaient dans toutes les pièces, fouillaient, pillaient, se servaient dans les buffets, les armoires, s'enivraient, plongeaient à la poignée dans les bocaux de conserves. Ils tenaient ma mère par le cou, l'obligeant à manger un morceau de lard cru. Devant mon père, ils ouvraient leurs grenades. Une fois ils ont tiré un coup de fusil entre ses jambes. Une autre fois, sortant dans la rue, c'était une rafale de mitraillette. Tout le monde s'attendait au pire. Ce là dura, Je ne sais plus très bien, mais plusieurs jours. Et un matin, le fermier voisin et ami, M.Vicky, arrive à travers bois, en courrant. Surprise ! Les Allemands sur ses terres avaient disparu pendant la nuit. Quel soulagement !...“.[16]
Pour ralentir l'arrivée imminente des Américains, les Allemands ont miné la route de Breteuil. Ignorant ou ayant oublié la présence de ces mines une voiture allemande s'engage sur la route et saute. Les Allemands, attribuant cet incident à la Résistance, pénètrent dans le village de Breteuil, saisissent quatre otages qu'ils trouvent dans la rue et les regroupent dans une cave du Haut Breteuil. Ils lancent ensuite des grenades par les soupiraux. Rodolphe Gehra et Michel Jennet furent tués. Jacques Jennet et Alfred Bousinhac, grièvement blessés ont échappé à la mort. Cet événement est aussi mentionné dans le témoignage d’Alexandre Bonbois : “…La 10ème nuit, vers 22 heures, monsieur Pottier était avec nous dans le bois, les allemands repliaient, toute la journée on les a entendus lorsqu’on travaillait sur la route. Jusqu’à 18 heures, croyant que c’étaient eux qui étaient dans la dernière voiture…“ Le témoin a vu sauter la voiture dont il est question plus haut.
Le témoignage précise : “…. À 21 heures, les trois occupants de la voiture étaient grillés par les flammes, le champ était enflammé, et même la petite forêt était attaquée. Heureusement le vent était contraire et il n’y avait pas de sapin…“.
Uniforme de sortie de capitaine d’artillerie US identique à celui porté par les Américains qui étaient à Vernouillet. Plaques d’identité et petit drapeau agité par la population à l’arrivée des Américains. plus bas, insigne d’épaule de la 5e Armd.Division. (Collection particulière)
Et puis, les 21 et 22 août, les Allemands du "Kampfgruppe Pulkowski " lancent une contre-attaque sur la vallée de la Seine. Cette unité composite regroupe des éléments provenant de divers régiments décimés et comprend entre autres des parachutistes. Ils reprennent Orgeval, Morainvilliers et atteignent Flins le 23. Du côté de Poissy, la Maladrerie qui avait été prise par les FFL est reprise par les Allemands.
La stratégie des Allemands est d'empêcher le passage de la Seine aux Alliés pour permettre aux troupes de la garnison de Paris d'évacuer vers le nord. Ayant rétabli les bacs de Triel et de Poissy, ils décident de se replier sur la rive droite.
À Vernouillet, les chevaux disponibles sont réquisitionnés pour faire tracter les pièces d'artillerie par le bac de Triel jusque sur la hauteur de l'Hautil. M. Baron agriculteur de Vernouillet est réquisitionné pour faire du covoiturage avec sa charrette. Il l'abandonne avec son son cheval à Triel et retourne à Vernouillet en passant la Seine à Meulan sur le pont provisoire mis en place par les Américains. Les Allemands quittent les hauteurs de Marsinval en se dirigeant vers Breteuil pour rejoindre le bac de Poissy. D'autres franchissent la Seine et rejoignent Triel. Nous avons un témoignage de l'arrivée des Américains à Marsinval :
"…Un jour d'août 44 (certainement le 27) personne n'attendait les Américains qui bataillaient du côté de Feucherolles, Les Alluets.
Soudain une voisine venant au lait chez mes parents arrive tout essoufflée : les Américains ! Les Américains ! IIs arrivent ! Elle venait de rencontrer une estafette de GI'S qui pour preuve, lui avaient donné des cigarettes. Tout le monde est sorti pour voir. Les pauvres Américains étaient désemparés, stationnés au carrefour rue du Louvre, rue de la Tuilerie, rue de Vernouillet, au lieu dit La Croix. La rue Agrippa d'Aubigné actuelle (chemin de Meulan) ne figurait pas sur leur carte d'État Major. Et ils avaient comme consigne un point de repère la propriété Chauffour (Le Buisson) où ils devaient prendre contact. À Marsinval, cette propriété était connue comme étant survolée la nuit par des avions et il y a eu certainement des parachutages, les pâtures de la ferme y étant propices…“.
Renseignés et rassurés, les Américains vont à leur point de ralliement. Deux heurs après, Marsinval et les champs avoisinants étaient inondés de troupes : chars, half-tracks, toute une armée. (Il s’agit d’éléments de la 5° Armoured Div. US)
“…Le lendemain, les batteries avaient pris position au point culminant de la ferme (allée des Bois).
À Vernouillet, il n'y avait aucun Américain. Tous les habitants montaient pour voir les GI’S au risque de leur vie...
Pour cause, les Allemands étaient toujours à Triel, décidés à se défendre pour empêcher les Américains de traverser la Seine, ce qu'ils firent d'ailleurs les obligeant à passer par Les Mureaux …"
Un autre témoin, enfant de 6 ans à l'époque, se souvient que les tankistes américains lui avaient donné du chewing gum. Ils étaient stationnés sur le pré entre Marsinval et le village, près de la propriété Chauffour.
S'il n'y a plus d'Allemand à Vernouillet, ce n'est pas encore la paix. Pendant quatre jours, du 26 au 30 août, un duel d'artillerie s'installe entre les Américains de Marsinval et les Allemands qui ont concentré leurs batteries sur l'Hautil. Un témoin, enfant à l'époque, se rappelle. :
"…Les Américains avaient installé leurs batteries à Marsinval près du château d'eau. Ils utilisaient des canons de 90mm, normalement utilisés pour les tirs antiaériens, mais reconvertis aux tirs terrestres. Trois soldats américains logeaient chez mes parents: Samuel, David et un Anglais dont j'ai, oublié le nom. Samuel est mort sur le Rhin, l'Anglais aussi. David, grièvement blessé a été rapatrié sanitaire vers les Etats Unis...".
À Triel, un soldat allemand ayant été blessé, les Allemands veulent prendre des otages. Le maire négocie. L'officier renonce à prendre des otages, mais demande que, le lendemain, la population évacue le village vers le Nord. Après une nouvelle négociation menée avec l'État Major allemand par le Dr. Bouvet, celui-ci accepte que la population soit regroupée dans les carrières souterraines de l'Hautil. Le Dr. Rodier réussit à joindre l'État Major des troupes alliées par l'intermédiaire de la gendarmerie de Poissy et obtient l'assurance qu'il ne serait effectué aucun tir de 5 à 9 heures, ce qui a permis aux Triellois de rejoindre les carrières. Un rapport de l'armée américaine fait mention de cette communication. Le Colonel Page, commandant de la 5e Armd.Div. Américaine qui donne l'ordre au 95e bataillon d'artillerie de cesser le feu.
Pendant que les tirs d'artillerie s'intensifient, fixant un front sur la Seine, plusieurs obus tombent rue Aristide Briand, un sur la ferme Beaugrand, un autre perce le toit de la maison du N°31, un autre sur une maison située près du cimetière au-dessus de la rue de Marsinval. A cet endroit, les Américains venaient de mettre en batterie un canon de 90 qui avait été déplacé de Marsinval. Certaines personnes ont soupçonné une trahison. Un Vernolitain a été accusé d'avoir traversé la Seine à la nage pour renseigner les Allemands. La population civile se terre et se réfugie dans les abris situés dans les caves de la ferme Pottier (aujourd'hui à l'emplacement de l'ancienne ferme Hesnault), démolie provenant d'un ancien souterrain qui conduisait à Chapet.
Une jeune fille, Geneviève Le Mot était dans l'un d'eux. Elle décide de sortir pour aller chercher son tricot qu'elle avait oublié. Mais à peine sortie de l'abri, elle est fauchée par un éclat d'obus. Affreusement mutilée, elle décède quelques heures plus tard, à l'hôpital.
Deux autres civils, Adrien Charrié et Charles Joly ont trouvé la mort dans des circonstances analogues.
Un témoin rapporte qu'une saucisse de surveillance a été abattue et est tombée à l'angle de l'avenue Montaigne et de la rue Albert Labrousse.
À partir du 30 août, les Allemands, ayant pris connaissance de la prise de Paris par les Alliés, décident de se replier. La Boucle de Chanteloup est libérée par un groupe de 80 FFI commandés par le lieutenant Beurotte. Les Américains descendent dans le village et traversent la Seine. Triel est libéré le 30 août. Pour Vernouillet, le cauchemar est fini.
Mais la guerre n’est pas finie. Le 2 octobre 1944, un Comité de Libération se réunit en mairie et émet le communiqué suivant :
“…Le comité local de Libération, dans la séance du 30 écoulé, après enquête et renseignements auprès de la population de Vernouillet, sur la gestion du Maire et sur son attitude collaboratrice ainsi que l’inertie de certains de ses membres, a pris la décision de pourvoir au remplacement du Maire et de ses collaborateurs. Le Comité établit une liste ci-jointe du nouveau Conseil Municipal…“.
Cette délibération est annulée par le Préfet le 5 octobre qui rétablit M. Georges Bourdillon dans ses fonctions. Celui-ci a émis une protestation contre les accusations de collaboration dont il a été la victime. Dans le registre figurent 51 témoignages en sa faveur de diverses personnes : des israélites et des réfractaires à qui il a procuré faux papiers et cartes d'alimentation, Roger Duffau, le pharmacien bien connu à Vernouillet, figure parmi les signataires Il y a aussi un certain nombre de Vernolitains qui avaient des activités au sein de réseaux de la Résistance :
Albert Quinot qui atteste avoir été dans la Résistance pendant la guerre.
Robert Cauchois qui est intervenu pour éviter les représailles suite à la mort du motocycliste allemand le 20 août 1944. Il a traversé les lignes pour effectuer des liaisons avec les Américains à Flins [17].
Son frère, Jean Cauchois avait rejoint le maquis du Morvan dépendant du groupe Libération Nord, 6e groupe franc du régiment Verneuil[18] qui a été incorporé à la 1ère Armée du général de Lattre de Tassigny.
Le colonel Glaizot
André Dumez qui a essayé de rejoindre les FFL en Angleterre.
A Vernouillet même il n’y avait pas de réseau. Les actions étaient menées à partir de Villennes par le capitaine Beaugé.
Il n’était pas facile d’être maire dans la France occupée où l’armée allemande contrôlait tout. Le simple fait d’avoir été maire pendant cette période vous rendait suspect de collaboration. Même si le maire était opposé au régime de Vichy (et c’était le cas pour Georges Bourdillon qui était affilié au réseau de Résistance “Mithridate“ et qui a pris des risques en aidant des juifs, il devait être très prudent et se montrer complaisant envers les troupes d’occupation. Dans beaucoup de communes (les exemples sont nombreux !) les maires se sont trouvés confrontés à des situations difficiles : fallait il s’opposer à tout, au risque d’être déporté et remplacé par un autre désigné par les Allemands, ou essayer de “ limiter la casse “ et aider autant que possible la Résistance avec tous les risques que cela comportait ?
Les enfants de Vernouillet morts au Champ d’honneur au cours de cette guerre
Antoine TERRUEL
René MARTIN
Raymond PRUD’HOMME
Robert HERVET
Georges JAMELIN
Marcel GOURDIN
André MORDANT
André MAZIERE
Georges HADAMAR
Il faut ajouter les victimes civiles mentionnées plus haut :
Geneviève LE MOT
Adrien CHARRIÉ
Charles JOLIS
[1] Témoignages de madame Paulette Pharaboz, née Pottier et de Mle Marie Louis Dangueuger. Nous n’avons trouvé aucune trace du stationnement de ces soldats dans les archives municipales.
[2] Il est probable que cette opération ait été effectuée par les soldats du 11e génie stationnés à Vernouillet, mais n’avons aucune indication précise à ce sujet.
[3] Le texte ci-après est un extrait du projet de livre de M. Foulon sur l'histoire de Vernouillet
[4] L’indication de l’heure est importante car le couvre-feu était fixé à 22 heures.
[5] Il s’agissait très vraisemblablement d’un pistolet automatique, car les troupes allemandes n’étaient pas dotées de revolvers.
[6] Document rapporté par M. Foulon
[7] Societé de Construction Aéronautique du Nord aujourd'hui usine EADS Aérospatiale des Mureaux
[8] Ces serpents d'aluminium avaient pour but de brouiller les radars de la DCA ennemie
[9] Renseignements communiqués par M. Bruno Renoult, auteur du livre "Yvelines Nord, août 1944, Derniers combats "
[10] Document donné par la famille Huron à l’Amicale des Anciens Combattants de Vernouillet
[11] Il faut lire ; Alex, weg, Krieg nicht gut ‘Alex vas-t-en, la guerre ce n’est pas bon !)
[12] Cet atterrissage forcé d'un avion américain à Brezolles n'est pas mentionné dans les documents d'archives américains consultés par M. Renoult. Mais il est confirmé par plusieurs témoins.
[13] Il s’agit probablement du même avion mentionné plus haut
[14] Archives municipales de Vernouillet
[15] Dans l'ouvrage de Renoult, il n'est fait aucune mention d'une mission à Vernouillet du groupe de Résistance Max. Le pont de Triel était détruit depuis 1940 et le passage de la Seine se faisait sur un bac.
[16] Témoignage de Claude Godfrin. La ferme de M. Vicky occupait l'emplacement de l'actuel Domaine de Marsinval.
[17] D'après un autre témoignage, ce serait M. Castelli qui serait, une deuxième fois intervenu auprès des Allemands avec le maire.
[18] Verneuil était le nom de code du commandant de ce groupe. Il n'a rien à voir avec la ville de Verneuil sur Seine